That Uncertain Feeling fait partie des films de la dernière période de Lubitsch, celle par laquelle on le connaît principalement. De 1936 à sa mort, désormais citoyen américain et insider aux mains libres (après avoir été déchu de son poste de directeur des productions de la Paramount), il tourne avec les plus grandes stars des films comme Ninotchka, Le Ciel peut attendre, etc. That Uncertain Feeling se situe entre ses deux opus les plus fameux, soit Rendez-vous (1940) et To be or not be (1942).


C'est un vaudeville avec des protagonistes très riches et élégants : la grivoiserie, omniprésente, sera masquée. Parmi eux, Lubitsch met en avant une jeune femme de 24 ans souffrant de crises de hoquets et d'un mariage rasant. Quand les événements s'accélèrent, les interprètes se forcent à de grands mouvements moins subtils que ne l'auraient été des grimaces. Les caractères sont assez pauvres, mais Hollywood n'a pas de mal à faire reluire du toc. Le scénario (inspiré d'une pièce de Victorien Sardou) étant mince et les thèmes d'une trivialité effarante (problèmes de couples, amant dans la chambre à côté), il fallait un traitement inventif pour rehausser la donne.


Quelques bons mots, une mise en scène éloquente (séquence avec le chien, ou celle du piano avec Alexander), intelligence du détail, amènent le résultat à un niveau plus qu'honorable. Du vaudeville, on garde le goût des exubérances épaisses ; de Lubitsch, les manières sophistiquées, l'usage malicieux du hors-champ, le déni de sentiments tristes pourtant bien identifiés. Cet auto-remake (Kiss me again, film perdu de 1925) est une bonne récréation pour Lubitsch, distant mais toujours fringant et au fond pas tellement plus léger que d'habitude. La bande-son (par Werner R.Heymann) oscille entre vertus classiques et espiègleries (une mouture patraque de la Wedding March de Mendelssohn).


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