"Illusions Perdues", rarement cité parmi les films favoris de Lubitsch permet néanmoins au fan de comédies intelligentes qui sommeille en chacun d'entre nous de retrouver l'éclat de la fameuse Lubitsch's Touch, royale et délicieuse : voici encore une comédie de mœurs, légère et enchanteresse, dont le secret semble s'être bel et bien perdu avec Lubitsch (on se souvient de la légendaire conversation entre Billy Wilder et William Wyler à son enterrement : lorsque Wilder se serait affligé : "Plus de Lubitsch !", il se serait vu répondre par Wyler : "Pire que ça : plus de films de Lubitsch." !).
"Illusions perdues" n'a rien perdu de son charme fin : s'il ne s'agit pas en effet de l'un des chefs d'oeuvre du maître (le rire étant plus laborieux qu'à l'habitude), il porte en tous cas toutes les caractéristiques thématiques et formelles de ceux-ci, en particulier l'utilisation démoniaquement efficace de l'ellipse (temporelle ou spatiale, d'ailleurs), qui oblige le spectateur à participer activement à l'histoire. On remarquera également la beauté et le jeu moderne de Merle Oberon, une actrice aujourd'hui un peu oubliée. Un Lubitsch mineur, certes, mais édifiant !
[Critique écrite en 1999, et complétée en 2005]