Acteur en perdition tentant de se défaire de la trilogie Matrix à laquelle il semblait attaché pour le reste de sa carrière, Keanu Reeves est revenu sur le devant de la scène en 2014 à la surprise générale. Et ce par le biais d’une petite série B d’action sans prétention, John Wick, alors que sortait la même année en France un autre film sur lequel comptait le comédien pour se relancer (47 Ronin), en vain. Mais attention, on ne parle pas d’un divertissement de seconde zone qui se fiche de toute crédibilité pour offrir des explosions débiles à tout va. Mais plutôt d’un film qui, comme Taken premier du nom, assume de bout en bout sa badass attitude pour offrir au spectateur un spectacle grandement généreux et agréable. Lui donner une suite, cependant, était une entreprise pour le moins risquée, le réalisateur Chad Stahelski (se retrouvant cette fois-ci seul à la barre, son comparse David Leitch étant parti sur les futurs Atomic Blonde et Deadpool 2) pouvant se reposer sur les lauriers du premier opus. Mais soyez rassurés : John Wick 2 est digne de son prédécesseur. Il se révèle être même meilleur et ce sur bien des points !
Encore une fois, ne vous attendez pas à avoir un scénario étoffé avec ce genre de film, le but principal n’étant pas dans l’écriture. Ici, John Wick 2 reprend exactement là où s’était terminé le premier, ressort du passé du personnage éponyme un prétexte (une dette auprès d’un mafieux) et balance une nouvelle base badass (après avoir tué le chien, c’est la destruction de sa maison qui va le relancer dans une vendetta) pour enchaîner sur des fusillades et corps-à-corps à gogo. Le tout étant, bien entendu, assumé au possible, ce qui permet d’entrer dans le film sans le moindre déni, même de la part du spectateur le plus difficile. Mais là où ce John Wick 2 se démarque déjà de son prédécesseur, c’est par le développement de l’univers du personnage : le réseau de tueurs à gages. S’il n’était qu’évoqué dans le premier opus (notamment avec les antagonistes secondaires et l’hôtel), il se retrouve ici au centre de l’intrigue et offre à cette nouvelle franchise d’action une ampleur inattendue. Allant même jusqu’à faire de la seconde partie du long-métrage un spectacle démesuré (des assassins se jetant sur John Wick à chaque coin de rue) tout en restant dans la sobriété (pas d’artifice ni de surdose d’effets spéciaux), promettant pour le coup un troisième épisode (déjà programmé) d’une générosité rarement atteinte dans ce type de divertissement. En clair, en ayant juste étoffé ce détail du film originel, John Wick 2 s’en retrouve plus fun et jouissif. Rien que ça !
Un fait que viennent confirmer les séquences d’action du film. Si le premier avait su se montrer efficace et généreux en la matière, ce second opus pousse le bouchon encore plus loin via une mise en scène bien plus travaillée. Celle-ci se montre énergique à souhait mais surtout artistique au possible. Faisant de chaque séquence un pas de danse du personnage éponyme, sublimé par une caméra littéralement amoureux de lui et du moindre de ses gestes. Une chorégraphie inventive à chaque instant, renouvelant sans cesse des séquences sur le papier répétitives. Le tout mis en valeur par des cascades rondement menées ainsi que des jeux de lumières maîtrisés et des décors mémorables (le final dans un « musée du miroir », un terrain de jeu ahurissant). Mais la mise en scène ne s’arrête pas à l’action. Elle prend également son temps pour faire de John Wick une icône, le mettant constamment sous les feux des projecteurs telle une légende vivante et donnant à l’ensemble un cachet certain. Une classe folle !
Petit bémol à noter du côté du casting cependant. Si l’on retrouve avec plaisir la majorité des seconds rôles du premier opus (Ian McShane, Lance Reddick, John Leguizamo…) et, bien sûr, Keanu Reeves en tête d'affiche, il est dommage que l’antagoniste principal, joué par Riccardo Scamarcio, n’ait pas le charisme du précédent, alors interprété par Michael Nyqvist. Mais le film se rattrape de ce côté-là avec les participations remarquées de Peter Stormare et Franco Nero, un second couteau de taille avec Common, et surtout des retrouvailles tant fantasmées par les fans de Matrix. Celle entre la star du long-métrage (Neo) et Laurence Fishburne (Morpheus), le temps d’une scène certes gratuite mais qui fait grandement plaisir à voir.
Plus fun, plus classe et plus généreux que son prédécesseur, John Wick 2 fait grimper son personnage éponyme au panthéon des grandes figures du cinéma d’action, ce qui n’est pas rien ! Un véritable défouloir qui allie comme il faut divertissement et patte artistique pour notre plus grand bonheur. Vous en redemanderez à coup sûr au moment du générique de fin. Patience : le troisième opus devrait débarquer sous peu, le réalisateur et le scénariste Derek Kolstad ayant déjà démarré l’écriture de celui-ci. Ne reste plus qu’à espérer que l’ensemble tienne encore la route et que cette nouvelle suite saura exploiter son univers comme il faut.