L'attente fut longue. Le film bien moins accessible dans les salles obscures et la patience mise à rude épreuve. L'excitation à son comble quand, enfin, quelques rares séances vite expédiées se sont enfin dessinées. Pendant son premier quart d'heure, John Wick 2 se plaît à arpenter les lieux qu'il avait visité naguère. Comme pour finir une bonne fois pour toute le travail. signer la vengeance. Tout cela pour un putain de chien et une caisse, dira l'un des russes encore vivant. Oui. Mais qu'est ce que c'était bon, John Wick, quand il est apparu par surprise sur les écrans fin 2014 !
En guise de bon souvenir, John Wick 2 nous lance au visage une course poursuite démente se terminant en un véritable destruction derby, entrecoupé de bastons toujours aussi spectaculaires et prenantes. La boucle semble bouclée, jusqu'à ce que le croque-mitaine soit démarché en vue de tenir sa parole d'assassin et de régler une dette. Retour dans une maison au style ultra moderne, dans cette cave où sous une dalle de béton reposait un autre homme et ses attributs. Avant d'être tout simplement privé de ses derniers souvenirs.
L'instrumentalisation et la machination prennent un temps le pas sur la vengeance pure, accentuant la tragédie du personnage emporté contre son gré pour servir des forces mafieuses qui le dépassent de loin. Après avoir retrouvé le Continental dessiné comme un refuge, où toutes les prestations imaginables pour un assassin sont comprises, John Wick 2 se délocalise, troquant les clubs électro bling bling russes pour faire évoluer son héros charismatique dans l'Italie des catacombes chargées d'histoire et des fêtes à ciel ouvert parmi les oeuvres d'art.
Ce chapitre 2 semble alors dans un premier temps ne changer que très peu le dosage des éléments de sa formule magique en recyclant quelques moments clé du premier film. Les chorégraphies sont toujours aussi impressionnantes, comme le bodycount du babayaga, comme la violence frontale et crue, les coups qui font mal. Si le spectateur sera pour sûr une fois de plus collé à son siège alors que sa petite voix intérieure en redemandera et piaffera d'impatience à l'idée de la découverte de la prochaine empoignade, de la prochaine fusillade, l'effet de surprise ne joue plus. Mais le film n'en pâtit pas.
Car il bâtit un peu plus la légende de son héros invincible et impassible, pour lequel Keanu Reeves est toujours aussi évident et idéal. Car il bâtit un peu plus l'univers dans lequel il évolue, le prolonge, l'internationalise. Et en rappelle les codes immémoriaux et rigides dans lesquels l'assassin cool est empêtré. John Wick 2 dévie petit à petit vers une traque implacable de celui qui est revenu aux affaires par obligation. Les belles images s'enchaînent tout au long de l'aventure, comme ce bain dans cette superbe "robe" rouge ultra graphique, ou encore cet affrontement dans un musée d'art contemporain aux miroirs réfléchissant les angles de caméra sous lesquels les coups et les plombs sont échangés. John Wick 2 multiplie ces moments d'une classe et d'une imagerie folle, ou certaines références, comme Ghost Dog, tout en alourdissant son atmosphère et en fermant peu à peu toutes les portes de sortie au nez de son personnage principal.
Jusqu'au cauchemar de l'omniprésence de la guilde des assassins, d'une fuite sans issue aux allures de traque. John Wick essaie autant de fuir son passé que ceux qui ont juré sa perte. L'affrontement est esquissé avec plusieurs de ses semblables. Âpre, rude, inévitable. La mi$e à prix de cette nouvelle aventure tutoie les sommets, comme celle qui initiait la légende de son assassin en 2014,
tout en promettant un prochain chapitre en forme de chasse à l'homme, de survie désespérée.
John Wick n'a pas fini de s'illustrer.
Behind_the_Mask, qui règle ses nuits d'hôtel avec des pièces d'or en chocolat.