Dans la continuité directe de son court-métrage "Avant que de tout perdre" (qui possédait déjà le même casting à l'époque), Xavier Legrand nous plonge, avec sobriété et intensité, dans le quotidien d'une famille en plein divorce, où le fils, première victime collatérale de ce bouleversement, se retrouve transformé en "propriété" qu'on s'arrache et qu'on malmène, et où la mère, pour son bien et le bien de ses enfants, décide de couper tout lien avec son ex-mari, car elle sait (et redoute) de quoi il peut réellement être capable.
Une famille décomposée, dont les rapports ne vont faire que s'envenimer et finir par prendre une tournure dramatique et violente.
Ce qui semblait être au premier abord un drame familial comme on en voit souvent, à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, se transforme au fur et à mesure du film en véritable thriller psychologique, dont l'emprise broie tout sur son passage, à l'image de "l'Autre", dont l'omniprésence (même absent de l'image) et les réactions imprévisibles va maintenir le reste de la famille dans un étau qui va peu à peu se refermer sur elle, et réduire ses chances de s'en sortir indemne.
Une œuvre glaçante, impeccablement interprétée et ne tombant jamais dans le piège du sensationnalisme, dont la qualité première est d'avoir pris l'angle du fait divers pour nous raconter cette histoire. Le genre d'histoire simple et "banale" qui peut se produire tous les jours et n'importe où.
La violence familiale, ordinaire et quotidienne, voilà bien ce qu'il y a de plus terrifiant dans ce premier long, qui ne devrait laisser personne indifférent.