Cinquième long-métrage des compères Julien Maury et Alexandre Bustillo, sorti un mois après The Deep House directement en VOD, Kandisha nous ramène au cinéma horrifique des années 80/90, en plein trip slasher fantastique fortement inspiré par le croquemitaine au crochet imaginé par Clive Barker. Et après une flopée de films aussi intéressants que très (très) inégaux, force est d'admettre que cette péripétie urbaine démontre une maturité évidente.
Kandisha n'a pas la prétention d'être une œuvre bouleversante dans le cinéma de genre, qui plus est franchouillard, il conserve même encore quelques défauts de mise en scène cheap (du au budget serré) et des acteurs pas toujours justes. Cependant, les principales tares des précédents films font désormais partie de l'histoire ancienne : photographie éclatante, gestion de l'espace impeccable, rythme autrement soutenu, frontalité toujours aussi présente. Maury et Bustillo délivrent un film simple mais efficace, gore, old school, clairement à part dans les productions récentes qui se la jouent métaphoriques.
Imparfait mais suffisamment réussi pour passer un bon moment, bien entendu réservé aux amateurs du genre, Kandisha se base sur une légende arabe, fait rare pour être souligné, nous entraînant dans une série d'évènements sanglants manquant certes de suspense mais nanti d'une redoutable efficacité. On regrettera certaines séquences en hors-champ, heureusement contrebalancées par des effets pratiques frontaux et la poésie toujours aussi prégnante des deux auteurs.
On peut continuer de saluer la ténacité, la fougue et l'évolution des deux réalisateurs français à être les seuls à perdurer dans ce qu'ils aiment le plus, ne tombant jamais dans les sirènes du film mercantile et continuant à réaliser des films d'horreur à une époque de plus en plus frileuse en la matière.