L. A. Takedown
5.8
L. A. Takedown

Téléfilm de Michael Mann (1989)

Alors que Le Solitaire et le splendide Sixième sens ont établi clairement la maîtrise de Mann, le voilà qui s’engage à nouveau dans un projet d’ampleur, mais destiné à la télévision. Il lui faudra faire des concessions, très visibles à l’écran, mais qui ne sont que temporaires. Quelques années plus tard, on lui donnera les moyens de donner toute son ampleur au projet : ce sera Heat.
L.A. Takedown est donc à considérer comme une esquisse du grand film de Mann. L’histoire est rigoureusement identique, à quelques exceptions, notamment sur la fin. Tout est bien entendu plus modeste ici : la durée (1h30 contre les 2h50 de Heat), les comédiens quasiment tous inconnus, et l’esthétique elle-même, plus étriquée. Le montage est au hachoir pour pouvoir rentrer dans ce format trop étroit, et les années 80 passent à la moulinette tout ce qui pourrait contenir une once d’esthétisme, des costumes à la lumière, allant jusqu’à rediriger des titres phares (Sympathy for de the devil des Stones et L.A. Woman des Doors) à la sauce du moment : quelques moments douloureux sont donc à prévoir.


Mann prépare le futur, mais ne se gêne pas non plus pour recycler : le gimmick sur les deux mouchards trouvés par un gangster dans sa voiture, un trouvable pour détourner l’attention du second, était déjà mot pour mot dans Le Solitaire


Pourtant, si l’on oublie un moment ce dont il est le brouillon, le téléfilm est tout à fait honorable. Ambitieux dans son scénario au long cours, toujours aussi séduisant dans sa représentation de la ville, il place des idées (comme les masques pour le braquage ou le fameux face à face courtois et respectueux des deux rivaux) sans mépris pour le format dans lequel il s’exprime, tout comme il l’avait fait dès son premier film avec le très beau Jericho Mile.


Œuvre pour cinéphile, L.A. Takedown est un document précieux : sur les contraintes d’un média, la gestation d’une œuvre… et sur les ravages d’une époque.


http://www.senscritique.com/liste/Integrale_Michael_Mann/1355658

Sergent_Pepper
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Intégrale Michael Mann et Ces cinéastes qui ont fait un remake de leur propre film

Créée

le 17 juin 2016

Critique lue 1.6K fois

19 j'aime

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

19

D'autres avis sur L. A. Takedown

L. A. Takedown
Hawk
6

L.A Takedown : Première version de Heat

L.A Takedown occupe une place particulière dans la filmographie de Mann pour plusieurs raisons que je vais évoquer. Il s’agit d’une ébauche réalisée pour la télévision qui donnera plus tard naissance...

Par

le 12 sept. 2014

8 j'aime

4

L. A. Takedown
ludovico
5

un exercice d'analyse filmique

Joli cadeau que m'a fait Ludo Fulci en me prêtant L.A. Takedown, téléfilm américain des années 80 que je cherchais en vain depuis longtemps. Rien de moins que la première version de Heat, le chef...

le 23 déc. 2011

6 j'aime

L. A. Takedown
AMCHI
5

Heat 1.0

Avant le fameux Heat il y eut L.A. Takedown, c'est un téléfilm dont Michael Man se chargera lui-même 6 ans plus tard d'en faire le remake (apparemment il n'a pas pu développer tel qu'il le voulait...

le 8 sept. 2022

4 j'aime

3

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

774 j'aime

107

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

715 j'aime

55

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

617 j'aime

53