un exercice d'analyse filmique
Joli cadeau que m'a fait Ludo Fulci en me prêtant L.A. Takedown, téléfilm américain des années 80 que je cherchais en vain depuis longtemps. Rien de moins que la première version de Heat, le chef d'œuvre de Michael Mann. Ecrit et filmé par le même Mann, L.A. Takedown est le clone de son cadet : deux héros, un flic et un voyou, s'affrontent jusqu'à la tragédie. Mais il y a un nanar et un chef d'œuvre. L'exercice est donc passionnant, comme une expérience inédite de cinéphile de laboratoire. Même scénario, même réalisateur, même décor, la flamboyante Los Angeles. Même musique (synthé + guitare planante, reprise des Stones versus reprise de Joy Division)
Qu'est-ce qui cloche alors ? Le temps, l'argent et le talent. Michael Mann, dans le mini making of prévient d'emblée : les deux films de ne sont pas comparables (10 jours de préparation contre et 19 jours de tournage contre 109 jours pour l'affrontement de Niro - Pacino). Les acteurs n'ont pas pu se préparer comme les autres, faire ces « recherches » qu'affectionnent tant les scénaristes et les acteurs US. Les cadres sont systématiquement en gros plan, comme l'exige la télévision, et il n'y a pas de place pour l'architecture, comme le souligne Mann dans le Making of. Mais surtout, il manque de Niro & Pacino, et aussi la flopée de seconds rôles, qui sont tous parfaits dans Heat (Val Kilmer, Tom Sizemore, mais aussi les femmes : Diane Venora, Amy Brenneman, Ashley Judd et Natalie Portman.)
Un véritable exercice d'analyse cinématographique, si vous réussissez à tomber dessus...