C’est la veillée du Nouvel An sur le Poséidon, un paquebot joignant New York à Athènes. Tout semble aller pour le mieux, jusqu’à ce qu’une immense vague retourne le paquebot de haut en bas. C’est le début d’une longue nuit de calvaire pour les passagers ayant survécu au désastre…
On pourrait croire qu’une fois qu’on a vu l’excellent Titanic, il ne sert plus à rien de regarder des films catastrophes à base de naufrage. Grave erreur… Car s’il est un film de naufrage à voir, peut-être plus encore que Titanic, c’est L’Aventure du Poséidon. Réalisé par le très sous-estimé Ronald Neame, il puise sa force là où le film de Cameron diluera la sienne : dans ses personnages.
Tiré d’un roman de Paul Gallico, le scénario se révèle bon là où on l’attend le moins, nous proposant des personnages tous aussi attachants les uns que les autres, parfaitement écrits, tant au niveau de leur contexte personnel qu’à celui de leur évolution, mais aussi parfaitement interprétés (Gene Hackman est évidemment impressionnant, mais tous les acteurs du groupe de protagonistes principal sont excellents). Et c’est là que le film se révèle très réussi : en se focalisant sur 10 personnes envers lesquels on développe une empathie quasi-immédiate, il nous convoque à une partie du traditionnel « Mourra ? Mourra pas ? » particulièrement cruelle. En effet, chacune des morts du film possède un impact étonnant sur le spectateur, tant celui-ci aura l’impression de perdre quelqu’un qu’il connaissait bien.
Si l’écriture des scénaristes Stirling Silliphant et Wendell Mayes en est évidemment une des principales raisons, l’immersion du film s’étend bien au-delà de son écriture. De fait, L’Aventure du Poséidon est presque parfait sur le strict plan formel (c’est triste à dire, mais un des points les plus faibles du film est la musique de John Williams, pas laide mais trop discrète). S’appuyant sur une très belle photographie d’Harold Stine et des décors signés William Creber, mis en valeur de la manière la plus originale qui soit (puisque tout se passe dans un bateau renversé à 180°, ce qui implique une approche totalement nouvelle du décor), le film de Ronald Neame impressionne par sa capacité à renouveler ses péripéties, ne tombant jamais dans la redite, et se jouant des clichés avec une aisance déconcertante (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a aucun, mais ceux-ci sont toujours dépassés par une écriture très rigoureuse).
Ainsi, L’Aventure du Poséidon dépasse le simple stade du film catastrophe pour nous convier à une odyssée humaine très forte et très éprouvante. Et pour une fois, on pourra dire, lorsque ce film se clôt, que l’on n’en sort pas indemne. Parce que cette fois, c’est vrai.