J'ai revu l'été de Kikujiro pour le faire découvrir à ma copine. Et je m'aperçois que l'été de Kikujiro est un piège, afin de permettre au public lambda de s'essayer au cinéma de Takeshi Kitano, en pensant que c'est un auteur comique et tout public. Or, le gars est plutôt fan des films d'auteurs et d'histoires de Yakuza. Alors, certes, le film tourne autour d'un Yakuza, un peu con, Kikujiro qui se prend d'affection pour un gosse qu'il tentait de racketer afin de jouer aux courses. Le scénario prend la forme d'une sorte de road-trip où celui-ci doit l'emmener à la mer et use des pires combines possibles : faire de l'auto-stop, attendre un bus qui ne vient pas, tenter de crever les pneus d'un véhicule pour que la voiture s'arrête (donnant lieu à mon plus gros fou-rire du film.) Avant de finir par passer quelques jours d'été avec des inconnus rencontrés en route.
Le film est une très bonne carte de visite pour Kitano à l'international, tant celui-ci montre à la fois qu'il peut faire le clown (la scène où il se fait passer pour un aveugle) et offrir une prestation beaucoup plus subtile. Elle l'est moins pour Yusuke Sekiguchi dont c'est le seul rôle. Et surtout, en offrant un film sur l'été, la nature et une B.O. De Joe Hisaishi (enfin... "des variations du même superbe morceau de Joe Hisaishi") le film a attiré beaucoup d'occidentaux fans de Miyazaki. (Un peu par erreur d'ailleurs.)
Mais surtout, en germe, Kitano montre qu'il n'est pas un réalisateur banal. En effet, là où l'auteur aurait très bien pu offrir une réalisation de comédie accadémique, celui-ci fait multiplie les plans qui trainent en longueur, les scènes un peu austère, les plans où il ne se passe rien. Certains plans sont tournées juste pour l'esthétique, comme ces vues depuis un enjoliveur ou une cigale. Et surtout, il saborde certains plans d'actions que le spectateur attend : certaines continuités logiques sont coupés dans le montage (on voit l'idée puis sa conséquence) et il y a un plan de "bagarre vue de loin et à moitié masquée par un camion à l'arrêt. Idem pour le rythme qui aligne les passages "tranche de vie" et s'attarde sur les couillonneries des protagonistes plutôt que sur l'histoire.
Après, le film m'a filé un cafard pas possible. Il montre l'été dans tout ce qu'il a de magique : partir, rencontrer des gens inconnus, se retrouver dans des lieux imprévus, voir la mer. Et moi, un 26 août j'étais devant mon écran d'ordinateur en me disant que cette période allait bientôt finir. Et la musique d'Hishaishi a véritablement amplifié mon blues. Bande de salaud.