Quatre ans après L'Exorciste, une suite sort sur les écrans, réalisée et produite par John Boorman, le même qui avait refusé de mettre en scène le premier opus. Avec un contrôle quasi-total sur son œuvre, le réalisateur de Délivrance et son scénariste attitré s'éloignent du film original et des écrits de William Peter Blatty pour s'intéresser à un traitement plus psychologique de la lutte entre le bien et le mal, quitte à délaisser le thème de l'exorcisme. Alors que la production tendait au départ vers une suite de commande à petit budget, cette séquelle prend une tournure inattendue et bienvenue, moins horrifique, beaucoup plus méta, L'Hérétique différant dès lors grandement de son prédécesseur.
La mise en scène de Boorman s'avère grandiloquente, presque exagérée (le bonhomme sort tout de même de Zardoz), avec moult effets spéciaux et tentatives visuelles pour un résultat plus spectaculaire mais aussi paradoxalement plus cheap. Le premier film jouait efficacement sur une atmosphère lugubre, pesante, avec des scènes choc disséminées aux moments opportuns avec des trucages bluffants. Boorman, avec un budget bien conséquent, va à contre-courant et délivre des séquences au mieux vieillies au pire clairement ringardes. Intéressant sur de nombreux points, notamment sur son approche et ses réflexions, L'Exorciste II peine hélas à captiver, la faute principalement à une mise en scène alternant entre éloquence cinématographique et passages nanardesques (le fameux synchroniseur).
Amenant le spectateur dans un univers plus scientifique, presque terre-à-terre, tout en le questionnant sur son rapport à la foi et sur les pratiques expérimentales douteuses, le réalisateur britannique galère visiblement à créer un thriller inédit tout en étant malgré lui lié à l'univers du film précédent (les flashbacks avec le Père Merrin ne semblent hélas pas maîtrisés, comme presque imposés pour créer un lien autre que la simple présence de Linda Blair et Kitty Winn). Pas la purge scandée ni l'un des « Pires Films de l'Histoire » mais une tentative ratée, non dénuée de certaines qualités et d'une audace hors du commun, qui aurait toutefois mérité un traitement plus original encore, la comparaison avec son illustre prédécesseur étant inévitable.