Deuxième Bond avec Roger Moore, L'Homme au pistolet d'or fait baisser d'un cran la qualité amorcée avec Vivre et laisser mourir, qui ancrait clairement le nouvel acteur et son personnage dans les années 70. Toujours réalisé par Guy Hamilton, ce neuvième opus nous entraîne dans une aventure en mi-teinte, inégale, où 007 va en premier lieu devoir débusquer puis affronter celui qui le traque : un tueur professionnel nommé Scaramanga.
Assassin hors pair signant ses méfaits d'une balle en or, ce nouveau Némésis s'avère être un adversaire de taille à la fois cruel et charismatique, comme une sorte d'alter ego maléfique de l'agent britannique. C'est l'immense Christopher Lee qui incarne donc cet ennemi mémorable qui va s'amuser avec 007 tout au long du film, l'emmenant dans son petit jeu afin de savourer plus délectablement sa mort.
L'intrigue de ce deuxième film avec Moore commence brillamment bien, changeant la donne quant aux habituelles histoires de méchants mégalomanes : l'agent secret doit sauver sa peau et va pour cela prendre les devants. Moore campe un 007 moins blagueur, plus froid, n'hésitant pas comme son illustre prédécesseur écossais à mettre des baffes aux dames si nécessaire tout en abusant de moyens de persuasions plus érotiques.
Malheureusement, arrivée à la seconde partie du métrage, l'histoire retombe dans l'énième sauvetage du monde, Scaramanga devenant ce sempiternel mégalomane soucieux de gouverner le monde grâce à un engin capable de capter l'énergie solaire. Nous sombrons ainsi dans le classicisme pur et dur de la série, oubliant une première partie certes moins rocambolesque mais plus originale.
De plus, l'humour alors discret dans cette dernière se fait plus présent, à notre dam, notamment lorsque ce bon vieux Moore se lâche dans une école de karaté ou lorsqu'il revoit une vieille connaissance vue dans l'épisode précédent : le shérif américain Pepper (toujours campé par Clifton James) dont l'improbable présence à l'autre bout du monde et les blagues lourdingues empêchent le long-métrage d'être un minimum sérieux, rejoignant ainsi la suite de ce scénario virant à l'abracadabrantesque.
La mise en scène un peu paresseuse d'Hamilton est à peine rehaussée par quelques bons moments d'action (la séquence de karaté, la course-poursuite en hors-bords sur les canaux de Bangkok). Mention passable donc pour ce neuvième film qui s'annonçait pourtant aussi différent que foncièrement exaltant.