"Je lui donne de l'espoir et des rêves"
(le rédacteur du journal vient de faire croire/espérer à un ex journaliste alcoolique qu'il lui donnerait peut-être un poste, sachant que c'est faux...il le traite comme ses lecteurs)
Réalisé en 1952. (Je ne résume pas l'histoire et spoile quasi rien pour donner des chances de le découvrir comme moi je l'ai fait).
D'après un livre de Samuel Fuller de 1944, 'The Dark Page' (Les pages sombres?...sous entendu 'de l'Histoire'?)
Les droits avaient été achetés par Howard Hawks.
Cary Grant et Humphrey Bogart étaient envisagés.
Et un Jules Furthman chargé d'en écrire le scénario (...je découvre qu'il a écrit pour 'Le Port de l'angoisse', 'Rio Bravo', 'Le Grand Sommeil' etc.)
Ce sont des Infos du passionné Patrick Brion (sur France 5, avant le film, que j'ai bien sûr écoutées après, comme d'habitude.)
Le projet abandonné est ensuite revendu à la Columbia.
Je découvre avec horreur grâce à Brion que Samuel Fueller connaissait bien le monde de la presse car il a longtemps été journaliste.
Ce qui laisse à penser (et frissonner ) que ce sont un livre et film à clé, basés hélas sur de vraies personnes et histoires.
Fueller a travaillé pour plusieurs journaux (dont le New York Journal et le New York Evening Journal). Ce dernier est dirigé par un Arthur Brisbane qui semblait tenir le même genre de poste que le "méchant" du film:
"éditorialiste et directeur éditorial américain. Ami et principal collaborateur de William Randolph Hearst, sa colonne éditoriale était lue par plus de vingt millions d'Américains au début du XXe siècle. (...) il a été rédacteur en chef du New York Evening Journal, journal le plus important du groupe Hearst".
Hearst qui a justement peut-être été "un assassin" lui-même, et surement "un sympathisant nazi" selon un récit documentaire d'Adrien Carat que j'entends le lendemain de ma publication.
Wiki m'apprend que Fuller a été journaliste criminel et faits divers. Très jeune ado, il aurait tout appris auprès de plus vieux mentors, ce qui rappelle la si belle dynamique de l'amitié dans le film entre le jeune padawan John Derek et le plus vieux briscard à longue expérience qu'est Broderick Crawford.
Ces deux acteurs que je connais si mal, sont très crédibles: le regard brillant et parfois quasi enfantin d'excitation de Derek est souvent émouvant et sincère...ses mauvaises manières et souvent pratiques très douteuses (terrible première scène) lui ont été apprises par le vieux rusé renard...genre "La fin justifie les moyens"...'l'éthique, c'est pas pragmatique'
Par exemples: on comprends qu'il a corrompu le directeur de la morgue grâce à des billets de baseball afin d'avoir accès aux cadavres
ou comme les photos sont en noir et blanc, il fait même ajouter du sang à l'aide de chocolat fondu, sur de fausses armes du crime :
"(pour la photo) Ajoute une hache trempée dans du sang"
"Super. Après, je pourrais en faire des truffes" lui répond son collègue.
"(or Fueller) commence à travailler à 12 ans, dans un journal. A 14 ans, il était déjà garçon à tout faire (grouillot ou copyboy en anglais) au New York Journal, devenant même le copy boy personnel du rédacteur en chef de l'époque, Arthur Brisbane.
Il quitte le journal à la suite de son mentor.
Après un court passage au New York Evening Graphic, il est à 17 ans le plus jeune reporter criminel du pays, pour le Sun de San Diego...
...En 1935, il s'arrête suffisamment longtemps pour écrire ses premiers romans qui seront publiés dans des pulps, pour la plupart sous différents pseudonymes.
Il s'agit notamment de faits divers romancés "
Patrick Brion en me parlant du passé de journaliste de l'auteur de l'histoire la rend encore meilleur et moins fictionnelle...
Il ajoute aussi que ce film de 1952 lui rappelle un film de 1948, 'La Grande Horloge' de John Farrow basé sur livre de 1946 d'un Kenneth Fearing.
Je découvre alors que ce livre sert aussi de base à 'Police Python 357' d'Alain Corneau avec Yves Montand de 1976 dont je n'avais même pas encore fait le rapprochement, désormais gros comme une maison, avec cette inexorable enquête très prenante quand on ne connait pas l'histoire. (Turandot de SC rapproche cette histoire de Sens unique de 1987.)
Tous ces bons films rappellent au passage le besoin de séparation des pouvoirs. Par exemple, des services et entreprises, voire des hommes politiques, ne devraient pas trop pouvoir enquêter sur eux -mêmes...
(Depuis, il m'est revenu aussi que le seul contrat qui lie le rédacteur au journal est "une poignée de main"...)