Rédacteur en chef d’un journal populaire à la déontologie plus que douteuse, Chapman se retrouve fortuitement en face de sa femme, qu’il avait abandonnée vingt ans plus tôt en se faisant passer pour mort.
Lorsque celle-ci le menace de dévoiler son imposture, il la tue et camoufle sa mort en accident. Mais Steve, un reporter astucieux mais peu scrupuleux friand de scoops juteux, mène une enquête serrée qui le met sur les traces de l’assassin, sans se douter toutefois qu’il est aussi proche de lui...
Dans le sous-genre des "films noirs journalistiques », Scandal Sheet tient encore bien la route, grâce à un scénario solide et un casting de bonne tenue. Broderick Crawford transpose dans l’univers de la presse le rôle de politicien pourri qui lui a valu un Oscar dans All the King’s Men (Robert Rossen, 1949) et John Derek campe avec prestance un jeune journaliste aux dents longues prêt à tout pour que ses articles fassent la une du quotidien. Même édulcorée, cette adaptation du roman sans concession de Samuel Fuller (dont Howard Hawks avait acheté les droits avant de les revendre à la Columbia) constitue une bonne description d’un journalisme de boulevard putassier et sans scrupules en même temps qu’un thriller plaisant à suivre… On n’y trouvera certes pas les interrogations morales autrement plus dérangeantes du Fritz Lang de L’invraisemblable vérité (1956), mais le dernier plan qui montre que Chapman aura finalement contribué à faire exploser les ventes de son propre journal ne manque pas d’ironie...