Énorme succès capillaire et populaire, La Revanche d’une blonde méritait bien une suite qui arrivera trois ans plus tard. Robert Luketic cède sa place de réalisateur à Charles Herman-Wurmfeld, qui avait eu son petit succès l’année précédente avec La Tentation de Jessica, une comédie romantique. La différence n’agressera pas les yeux, la mise en scène demeurant conventionnelle mais plaisante.
La distribution reste la même, avec la toujours aussi charmante Reese Witherspoon dans le rôle principal d’Elle Woods. Cette dernière avait réussi à s’imposer dans le précédent en tant qu’avocate tout en gardant son ingénusité. On la retrouve ici à une nouvelle étape de sa vie. Son mariage avec Emett Richards approche, elle décide d’envoyer les invitations à ses proches. Mais à qui envoyer des cartons pour la famille de son meilleur ami, son fidèle chihuahua Bruiser ? Après quelques recherches, il semblerait que sa mère soit utilisée comme cobaye pour des cosmétiques. C’en est trop pour Elle, qui va décider d’aller à Washington pour changer la loi sur les expérimentations animales en intégrant le cabinet d’une députée.
D’un cabinet d’avocats au système parlementaire, Elle Woods se hisse à nouveau là où on ne l’attend pas. Ses garde-robes et ses coiffures colorées dépareillent dans un monde de costumes et de tailleurs aux couleurs tristes. Comme de bien entendu, sa bonne humeur et ses bonnes intentions vont se heurter à des personnes bien plus désabusées, mais qu’elle ralliera à sa cause.
C’est d’autant plus intéressant que l’échelle n’est pas la même, le mode de fonctionnement est différent. Cela ne sera pas forcément très clair pour un non-habitué du système législatif américain avec son urne ou sa pétition, mais l’essentiel est compréhensible. C’est un milieu d’influences, où les votes s’échangent, où les alliances se défont parfois pour des raisons pragmatiques, et l’argent en est une. Ces tractations souterraines ne sont pas du ressort d’Elle Woods, mais elle propose autre chose, un enthousiasme fédérateur bien que soumis à rude épreuve.
Pour cela, elle aura besoin d’amis et d’alliés. Emett la soutient, et on retrouve ses copines du premier, jouées par Jennifer Coolidge, Jessica Cauffiel et Alanna Ubach. La distribution s’enrichit de rôles en lien avec ce contexte parlementaire, avec Sally Field en députée, Bruce McGill en sympathique représentant conservateur et son chien gay ou Mary Lynn Rajskub en assistante un peu mal à l’aise qui profitera de l’enthousiasme d’Elle. Elle trouvera d’abord du soutien auprès du portier un peu gauche, adorable Sid Post, tandis que les liens de la sororité ne seront pas oubliés.
Alors c’est évidemment assez romancé, c’est certain. Malgré un contexte parlementaire plutôt crédible, il est évident que dans la réalité, notre charmante blonde n’arriverait pas à ses fins. Mais nous sommes dans un film, où les bons sentiments sont assez finement dosés, la seule faute de goût par excès étant probablement cette séquence devant la statue de Lincoln. La référence Mr Smith goes to Washington, avec qui on peut trouver quelques similarités, est même explicitement montré.
Et alors que le premier film souffrait d’une première partie à l’université d’Harvard un peu faible, cette suite est bien plus régulière, alternant moments réjouissants et difficultés avec un rythme bien accordé. Toute la durée de ce second volet se réserve au but de son personnage principal, changer la loi dans un but plus respectueux de l’animal. On pourra d’ailleurs s’amuser dans un film avant tout destiné à un public féminin que l’utilisation de cosmétiques recèle aussi un côté plus sombre, abordé avec une certaine légèreté mais bien présent. Cependant la préparation en parallèle du mariage en plus de son activité n’apporte rien, à part peut-être la promesse d’une célébration dans la joie et l’amour pour les plus sensibles à ces niaiseries.
Il faudra peut-être accepter quelques facilités, mais la bonne humeur et l’énergie d’Elle Woods emporte l’adhésion. Le film est amusant et charmant, et ses quelques critiques sont légères mais lui offrent une profondeur suffisante pour ne pas donner l’impression d’un divertissement abruti. Le réalisateur est différent, la scénariste aussi, mais ce nouveau volet est dans le même ton que dans le premier, un exemple rare de suite réussie.
La fin offrait une idée bienvenue de la prochaine étape de l’ascension d’Elle Woods, une idée excitante mais qui ne prit pas forme. La comédie musicale de 2007 adaptera le premier, tandis qu’un téléfilm en 2009 utilisera d’autres personnages. En 2019, l’actrice révèle que l’éventualité d’une suite avait été abordée avec le producteur Marc Platt. Dans ce monde post-Metoo, Elle aurait évidemment sa place.