New York, elle a Fitzgerald
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Ce polar bien ficelé se distingue d'abord et avant tout par le traitement singulier donné au décor, réel comme tient à le confirmer la voix-off du narrateur, c'est-à-dire la ville de New-York, occupant un rôle à part entière, personnage central et omniprésent.
Rappelant vaguement ces romans de la ville comme le Manhattan Transfer de Dos Passos ou la Trilogie New-Yorkaise de Paul Auster, ou encore certains films comme le génial La foule de King Vidor en raison de la thématique urbaine, The Naked City se sert du film noir comme prétexte au motif supérieur, au texte qui s'y sur-imprime, c'est-à-dire le portrait ou l'instantané de New-York et sa capture à un moment donné: escaliers de secours, trottoirs arrosés par la borne d'incendie, échafauds de buildings, terrains vagues, quai de métro, môle, stands de vendeurs ambulants de limonades, commerces et industries, constituent autant d'espace où s'écrit la ville ; mais aussi la population anonyme et fourmillante qui l'habite et s'y côtoie : immigrés juifs, irlandais, polonais, italiens, honnêtes travailleurs, mais aussi enfants espiègles, alcooliques, folles et fous, lutteurs, commerçants en tous genres et simples passants la définissent.
Derrière cela, l'intrigue passe donc au second plan, quoiqu'elle permette grâce à l'action et des répliques parfois drôles de capter l'attention du spectateur, comme le démontre la course-poursuite finale sur le Williamsburg Bridge, petit bijou de photographie, plaisir pour le regard d'abord, même si l'on suit avec attention l'évolution du récit. Si bien que l'on ferme les yeux sur les coïncidences assez invraisemblables permettant à l'enquête d'avancer (mais aussi d'imbriquer maladroitement les images d'extérieur de la ville), tout comme sur ce narrateur omniscient assez lourd et redondant, que l'on ne retrouverait jamais de nos jours, voulu par le producteur (et dont il est lui-même la voix!) et que Dassin n'a découvert que lors de l'avant-première avant de fondre en larmes, abattu qui plus est de constater que celle qui aurait dû être l'héroïne, la ville de New-York, n'est qu'un personnage comme un autre en raison d'un montage assassin sur lequel il n'avait eu aucun droit de regard. Vraiment dommage.
Créée
le 9 avr. 2020
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