Le basculement
Suite directe du précédent volet les Evadés de la planète des singes, puisque le personnage de Ricardo Montalban qui apparait un peu ici, avait recueilli dans son cirque César le fils de Zira et...
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le 23 mars 2018
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Cette citation et le dialogue final – dans la version non censurée (1) – entre César et Governor Breck aurait donné un 6 à ce film si le dialogue avait été conservé dans la version finale. Si je suis passionné par la série, c'est pour la force des dialogues et les enjeux intemporels qu'ils soulèvent (religion, pouvoir, autorité, société, évolution...). Or, ici, les dialogues tournent souvent dans le vide hormis dans cette scène finale de la version non-censurée qui révèlent la parenté qui lie le singe et l'homme : je ne trouve pas une explication plus concise que celle du philosophe Y.Paccalet : "L'homme est un grand singe égoïste qui obéit à trois pulsions : sexuelle, territoriale et hiérarchique. Sa soif de domination le pousse à tous les crimes, y compris contre lui même..."
C'est comme si quelque chose manquait dans cet épisode : plus de Zira, plus de Cornelius, plus d'astronautes. César, bien qu'interprété par Roddy McDowall, fait désormais avancer le film. Les décors reflètent également la vacuité : le choix du réalisateur de tourner le film uniquement dans le quartier froid de Century City à L.A et dans la futuriste Université de Californie d'Irvine vide le film du cachet et de l'ambiance unique que représentait jusqu'à présent la saga.
Le film manque de finesse, on rentre directement dans le dur : les bâtiments sont gris, froids, implacables ; les hommes ressemblent à des nazis et semblent tous être des connards (sauf un noir sympathisant à la révolte des singes car il est descendant de victimes de d'esclavage LOL « tuez nous tous, mes descendants étaient esclaves donc je comprends lolilol » hum hum). Représenter la société américaine des 90's comme une société stalinienne, est-ce une vision américaine pessimiste de l'issue de la guerre froide du réalisateur Jack Lee Thompson qui verrait la victoire du communisme ? Pourtant, l'année de sortie du film, le 26 septembre 1972, Nixon et Brejnev le faisaient mentir en signant l'accord SALT I de limitation des arsenaux nucléaires.
Les réactions des protagonistes manquent de cohérence. Malgré la bonne idée de montrer que l'adversité est le meilleur des ciments (les gorilles et les chimpanzés, autrefois rivaux, s'allient pour défier l'autorité humaine), César ne trouve aucune difficulté à unir les autres singes à sa cause : il leur lance simplement un regard bad-ass et hop, ils partent en guerre. Les gorilles, les autres chimpanzés accueillent leur libérateur, donc un nouveau leader, sans accrocs. La vision est trop idéale, il est impossible qu'un singe arrive à convaincre si facilement son auditoire, peuplé de bêtes qui vivent conformément à une auto-concurrence perpétuelle (vision qui peut s'appliquer à la société humaine). Autrement dit, on ne devient pas chef comme cela, en un claquement de doigts. La vision est beaucoup plus juste dans le film de 2011 de Ruper Wyatt qui met en scène Andy Serkis et James Franco : César, dans ce film là, lutte pour lier les autres singes à sa cause.
Un autre bémol : les couleurs. Tous les humains portent du noir, le rendu est très fade. De même la lumière est trop sombre notamment lors de la scène de la bataille. Celle-ci est ennuyante, trop longue, manque d'inventivité, et se passe dans une nuit noire comme pour cacher des défauts.
(1) La version censurée, celle passée dans les cinémas, comporte une fin vraiment ratée : elle dénature totalement les finaux pessimistes qui faisaient la marque de la série. Les singes ne se vengent pas et ne tuent pas le Governor Breck, et, César affirme que la domination sur les humains devra être modérée, avec de la « compassion » et de la « bienveillance » à l'égard des humains. Selon moi, cette vision est fausse. La version censurée, en ne montrant aucune pitié, est beaucoup plus dramatique et reflète mieux les rapports de forces pulsionnels des singes (et des humains?). Et, malgré sa violence, elle sous-entend paradoxalement que la violence est négative car elle engendre toujours la violence : à court terme, elle peut permettre de remplacer un pouvoir par un autre, mais sur le long terme, le cycle de haine et de ressentiment se perpétue.
Critique La Planète des Singes:
http://www.senscritique.com/film/La_Planete_des_singes/critique/24285131
Critique Le Secret de la Planète des Singes: http://www.senscritique.com/film/Le_Secret_de_la_planete_des_singes/critique/34439583
Critique Les Évades de la Planète des Singes: http://www.senscritique.com/film/Les_Evades_de_la_planete_des_singes/critique/34488672
Critique La Bataille de la Planète des Singes:
http://www.senscritique.com/film/La_Bataille_de_la_Planete_des_Singes/critique/34894105
Critique La Planète des Singes (Burton-2001):
http://www.senscritique.com/film/La_Planete_des_singes/critique/34934019
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