Oui, ce film galère, patauge. Le script est assez rebutant il faut l'admettre: 3 malades mentales de l'Arkansas doivent être accompagnées à l'est des USA pour retrouver une vie paisible. Elles y sont emmenées par une Hilary Swank, correcte, bien qu'agaçante, surjouant un puritanisme cliché américain de base, et, par un Tommy Lee Jones qui se veut être le personnage dérivé du génial Cogburn (Jeff Bridges) dans True Grit, en n'ayant ni la classe, ni la répartie. Jones s'efforce d'être le mec bourru, le WannaBe-Funny qui a du vécu, mais c'est peu convaincant. Ces deux personnages vont, durant leur périple, galérer au même titre que nos trois galériennes.

Le terme « galérienne » peut semblait abject mais le traitement psychologique que délivre Jones est tellement vide qu’elles se résument presque à ce détestable terme. Le comble, c’est que le film nous rend autant à la ramasse qu'elles : le scénario est mal amené (cf. les flash-back explicatifs carrément nazes), l'espace et le temps ne sont pas du tout maitrisés – le comble du western – autant dire que ce film de galériens est contagieux : on se demande à plusieurs reprises où Jones veut en venir. Film sur la folie ? Certainement pas. Film sur la solitude ? Non plus. En d’autres termes, le traitement des trois malades est trop superficiel. En cause notamment, l'introduction ratée et la multiplication de personnages éphémères qui peuplent la première partie du film.

La photographie est propre, mais la réalisation maladroite : tout se passe comme-ci Tommy Lee Jones enchaînait des scènes-types-prévisibles du Western pour meubler sauvagement son film sans véritables connecteurs. Grosso modo, ça donne des séquences qui se succède brutalement de cet ordre-là : les galériennes poussent des cris, une galérienne s'échappe, les galèriens se font refouler dans un hôtel, les galériens font faces à des indiens... et ainsi de suite… Bref, les scènes s'enchainent sans véritable soin et le rendu est bourrin : on a l’impression Tommy Lee Jones fait une sorte de compilation de scènes – voire de sketchs jetables – improbables et souvent ridicules, pour pondre son film.

Mon avis général, à la fin du visionnage, était donc un certain écœurement. Traiter un film sur la folie peut être un exercice passionnant. Mais là, un film sur 3 folles, dont le traitement psychologique est absent, devient vite agaçant. Jones aurait gagné à plus se pencher sur les 3 malades, dépasser le superficiel, les faire parler, les interroger – les mettre en quelque sorte en contact avec le spectateur – au lieu de créer un mur infranchissable entre le spectateur et ces trois femmes. Mur, qui se traduit par une indifférence totale à leur sort et qui vient ruiner le film.
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le 25 mai 2014

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