Vivement vendredi que je me refrotte aux épines de mes copines argentines...

Je crois pouvoir le dire, il s’agit là de ma plus grosse excitation cinématographique depuis le début de l’année, et probablement depuis bien plus longtemps encore.


A tous les niveaux, ce film est une expérience folle : de par sa durée (presque 14 heures), son découpage en 6 épisodes et 4 parties qui amène à une programmation forcément peu commune (en l’occurrence chez moi c'est un de mes petits cinés chéris qui propose une séance unique chaque vendredi depuis le 19), son dispositif (chaque film est indépendant, parfois sans fin véritable, les 6 s'attaquent à un genre différent, mais il y a un point commun : ses 4 actrices qui se réincarnent en permanence).


Le moment fut donc peu banal vendredi dernier : dans ces cinémas associatifs tout le monde se connaît, a l'habitude de se retrouver pour des projections souvent accompagnées de débats, de rencontres avec des réalisateurs, des festivals, les soirées se prolongent souvent autour d'un verre. Mais curieusement là une atmosphère peu commune se diffusait dans le hall avant la séance, nous savions que ceux qui étaient là allaient partager cette aventure durant un mois, que nous allions vivre un "Senses" au carré.


La suite fut pour moi 3h30 de bonheur fou, les sourires s'entremêlant aux larmes, avec cette impression délicieuse d'être toutes les 30 secondes désarçonné, de voir TOUT le cinéma défiler sous mes yeux. On passe donc dans ce premier acte d'une série B d'horreur à l'américaine à un mélo vaguement ringard des années 80. Ma seule crainte est donc gommée : non ce film n'est pas une performance, on n'est pas dans l’esbroufe prétentieuse. Tout au contraire même, cette Fleur argentine nous ramène plutôt aux plaisirs enfantins, aux premiers frissons ressentis face à un grand écran, c'est de la jouissance sans intellectualisation, on part littéralement en voyage durant 210 minutes, parce que le geste du cinéaste semble être pur, gratuit, entièrement tourné vers le romanesque.


Et puis il se produit une chose que je n'attendais pas : soudain, par la force du procédé, un film supplémentaire et invisible se met à germer dans le cerveau du spectateur, un documentaire sur le métier d'actrice, ou plus précisément sur le jeu, au sens premier du terme, sur ce que ces héroïnes représentent comme fantasmes. A force de se réinventer sous nos yeux les 4 actrices deviennent toutes les femmes, avec leurs particularités, leurs singularités. A force d'être plurielles, elles deviennent unique, elles deviennent LA femme.


Dernier élément, mais de taille, concernant ce premier volet à proprement parler : ne partez surtout pas pendant le générique, quand celui-ci s'efface le voyage continue. Je n'en dirai rien pour ne pas vous enlever une miette de ce que représente ce feu d'artifice final.


Voilà, il est plus de minuit quand je quitte la salle, personne n'est parti, tout le monde est là à échanger dehors, il faut prolonger d'une manière ou d'une autre l'instant, partager les frissons, s'échapper en douceur pour mieux se retrouver dans une semaine...

takeshi29
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le 24 avr. 2019

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takeshi29

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