Il suffit souvent de peu pour qu’on vous brandisse un film comme étant d’un intérêt qui le distinguerait de la masse. Une présence insistante sur le live, le label France Inter, des comparaisons à des figures de proue (dans ce cas, True Detective et son enquête dans le passé, son duo de flics plus ou moins retors, son ambiance glauque) et on se laisse tenter.
La Isla Minima commence comme un film de Yann Arthus Bertrand, soit une succession de plans aériens sur la très singulière nature andalouse, marais aux motifs et couleurs splendides. Cette ouverture soignée, accompagnée d’une musique anxiogène et des trognes assez patibulaires des deux flics de service laisse présager le meilleur.
A mesure que l’intrigue se déroule, on semble oublier cette audace première au profit d’une intrigue qu’on attend de voir décoller, et le réalisateur s’en rendant compte lui-même, il la ponctue de ses plongées aériennes à vocation tragique (en variant le ton, par exemple, tenez : l’ocre du cimetière, l’île sous la pluie…) et oublie de demander à la musique de se taire de temps à autre.
Soucieux d’étoffer son enquête, il tente assez maladroitement de l’engluer dans un passé franquiste encore tout chaud et de lester de casseroles honteuses l’un des protagonistes, sans doute pour passer de 90 à 105 minutes et donner plus d’ampleur à son projet sans que cela fasse mouche.
On met un certain temps à comprendre que l’intrigue policière ne dépassera jamais les canons du genre et reste au niveau d’un téléfilm gentiment ficelé.
Alors oui, les paysages sont beaux, l’ambiance un peu sombre et les personnages dotés d’une certaine présence, mais tout cela ne mérite pas non plus les éloges qu’on lui prête.