S'il ne brille pas par une intrigue des plus renversantes, La Isla Minima compense en donnant à voir des séquences à la précision chirurgicale, ainsi qu'à la beauté plastique époustouflante. Couplé à la fluidité du récit caractérisant usuellement le cinéma espagnol, il en ressort une expérience magnétique, obnubilante même parfois, laissant facilement oublier les menus défauts ainsi que cette intrigue simpliste et linéaire avançant sur rails.
On pensera volontiers à True Detective ou Mud, dans ce parallèle de personnages cassés, perdus dans des environnements trop grands pour eux, mais surtout dans cette atmosphère poisseuse où la beauté sauvage des décors n'a d'égal que du sordide des meurtres. Il y a à la fois tout à dire et rien à (re)dire à ce sujet, tant le film s'affaire à ne pas laisser traîner le moindre élément disgracieux dans le cadre. Force ou faiblesse, chacun l'abordera à sa discrétion, toujours est-il qu'il est difficile de prendre en défaut ce deuxième long-métrage du réalisateur espagnol, dont les dents mordent généreusement dans les steaks de David Fincher, Bong Joon-Ho et autres Gareth Edwards, d'un point de vue technique.
Soutenu par des nappes sonores simples mais entêtantes et de solides interprétations, La Isla Minima est un film de forme plus que de fond, et il faut avouer que c'est parfois largement suffisant, tant que l'ambiance est réussie. On aurait pu espérer un récit plus captivant, accidenté, mais l'atmosphère, à couper au couteau, ne trompe pas : on a affaire ici avec un polar à l'ancienne 100% pur jus, difficile de ne pas se laisser immerger sans retenue.