Mais qu'avez-vous fait à nos enfants ?

(1974. FR. : La lame infernale. ITA. : La polizia chiede aiuto (La police demande de l’aide)
Vu en VOST, édition Ecstasy of Films)

Rome, années 1970. Après la découverte d’une jeune fille « suicidée », la police et la justice représentées par Valentini (Mario Adorf), et la procureure Vittoria Stori (Giovanna Ralli), mènent l’enquête et s’aperçoivent rapidement qu’il s’agit d’un meurtre et que la victime, âgée de 15 ans, était enceinte… Dégoûté par ce qu’il découvre, Valentini est bien heureux de passer le flambeau à Silvestri (Claudio Cassinelli) de la criminelle. Peu à peu, l’enquête achoppe vers l’existence de réseaux de prostitution concernant des mineures…
Toujours et encore très méconnu, Massimo Dallamano mérite pourtant une certaine reconnaissance pour sa contribution au cinéma de genre italien. Si c’est bien dans le giallo qu’il a le plus marqué les esprits avec notamment le déjà sulfureux Mais qu’avez-vous fait à Solange ?, le polar Section de choc (Quelli della calibro 38) avec Marcel Bozzufi et le western Bandidos avec Enrico Maria Salerno sont également des petites pépites qui ne demandent qu’à être redécouvertes par le plus grand nombre.
Avec cette Lame infernale (ah, les titres français…), le cinéaste renoue avec le parfum de scandale de Solange en suivant à nouveau des jeunes filles dans les méandres de leur sexualité. Alors que dans son premier giallo, le thème de l’avortement était mis en évidence, c’est ici les disparitions de jeunes filles et l’existence de réseaux de prostitution qui sont mis en avant. Au-delà du sujet, il parvient subtilement à réaliser un film efficace à l’action soutenue, lorgnant clairement vers le polar. L’élément giallesque étant ce tueur à lame (d’où le titre français) qui n’est en fait qu’une diversion, aussi bien pour les protagonistes de l’histoire que pour son réalisateur.



Un giallo complotiste



En effet, à la manière d’autres giallo comme l’excellent Je suis vivant (encore un titre français de merde !) ou encore Toutes les couleurs du vice, Dallamano s’intéresse ici à des sortes de société secrète, composées de notables en tout genre (du médecin renommé à des hommes politiques…) qui profitent de leur statut pour abuser de jeunes filles… Des thèmes encore présents de nos jours, notamment chez certains complotistes n’hésitant pas à dire que de jeunes enfants seraient kidnappés par l’Etat pour des causes satanistes… Dallamano se garde bien d’aller aussi loin et son film reste réaliste et solide, même 40 ans plus tard. Il en dit long en tout cas sur la perception des élites en ces années 1970, grandes années de théories de complots en tout genre.
Même si le film n’est pas exempt de défauts, comme cette jolie poupée au début du film, le personnage du tueur qui n’est qu’un leurre, et une fin légèrement bâclée, il cumule cependant de nombreuses qualités. Plus nerveux, et mieux servi par ses acteurs que dans Solange, La polizia chiede aiuto réussit aussi à ne pas tomber dans le panneau du voyeurisme. Ainsi, les scènes qui nous mettront le plus mal à l’aise seront sonores, prouvant ainsi l’incontestable talent de son auteur qui semble aussi s’être inspiré d’une très bonne scène de L’étrange vice de Mme Wardh pour une séquence de parking souterraine sous tension avec la pauvre, et délicieuse, Giovanna Ralli.
L’un des points forts du film est incontestablement son casting avec un Mario Adorf excellent en flic et père perdu et désarmé, sa tronche de chien battu est superbe, un beau moment de cinéma. En bras armé de la Justice, Giovanna Ralli (Il mercenario, Nous nous sommes tant aimés…) parvient à s’imposer, contrastant entre force et faiblesse. Un joli rôle et une belle composition d’une actrice qui ne déçoit jamais. Spécialiste des poliziottesci (vu dans l’emblématique La police a les mains liées ou Milano violenta), Claudio Cassinelli est également parfait en flic nerveux et déterminé.
Les seconds rôles nous régalent également avec notamment Farley Granger, ancien protégé d’Alfred Hitchcock, et Marina Berti, en couple détruit par la mort de leur « innocente » fille. Franco Fabrizi, comme souvent à partir des années 1970, joue un salaud de première…et il fait ça très bien ! Son rôle de voyeur pervers n’est pas sans rappeler son personnage dans Le dernier train de la nuit. Corrado Gaipa, Ferdinando Murolo (La guerre des gangs, Société anonyme anti crime…), Steffen Zacharias (Gli intoccabili, Trinita…) complètent la distribution.

Enfin, impossible de ne pas mentionner la superbe composition musicale de Stelvio Cipriani qui n’est pas sans rappeler d’autres de ses B.O. notamment pour Le grand kidnapping, Société anonyme anti crime ou La police a les mains liées
La B.O. : https://www.youtube.com/watch?v=fiwqeGqYSXg&list=PLDmdF1ma6cZryydUw6I8WGulwqekPF5rS&index=6
La critique de Mais qu’avez-vous fait à Solange ?, autre giallo de Dallamano : https://www.senscritique.com/film/Mais_qu_avez_vous_fait_a_Solange/critique/234557936

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le 26 avr. 2021

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