Main baladeuse

Veuillez excuser mon langage mais Anton est ce qu’on appelle communément un beau glandeur. Il vit chez ses parents, et son quotidien consiste à fumer de la drogue avec ses amis et regarder la télévision en mangeant de la pizza. Il ne va plus à l’école, mais trouve sa voisine, Molly, charmante. Une existence bien rodée, mais qui tressaille quand il se lève un matin et découvre ses parents morts. Aidé de ses amis, il découvre que c’est lui le meurtrier. Ou plutôt sa main droite, avide de sang. Ses deux amis en feront les frais, mais reviendront de la mort pour l’aider, car le chemin pour aller au Paradis était trop long pour ces deux flemmards.

(C’est Christopher Hart qui « joue » la main, une fois celle-ci « libérée » d’Anton. C’est l'une des mains les plus célèbres du cinéma puisque c'est lui qui faisait la Chose dans le film La Famille Addams. Il y a aussi Jessica Alba et Seth Green dans le film, mais leurs extrémités vont bien)

Une main possédée, ce n’est pas la pire des menaces proposées par les imaginations fertiles des scénaristes de films d’horreur. On pourrait même se croire dans un film des années 1980 avec une telle idée. Cependant, hormis les premières minutes où il nous est permis d’assister au massacre des parents d’Anton, le film n’est guère gore, ni trop violent. Les quelques effets spéciaux sont néanmoins assez bien faits, surtout pour les amis d’Anton rescapés de l’au-delà.

Mais il s’agit bien d’un film des années 1990, certes se finissant, mais dont l’influence d’American Pie sur le teen-movie est toujours forte. Les jeunes sont préoccupés par leurs hormones. Le style vestimentaire est au pantalon qui ramasse la poussière. La bande-son est à cette image, à base de rock juvénile bien agité. Le groupe The Offspring fait même une apparition, à en perdre la tête.

Le ton est avant tout outrancier, la menace est réelle, cette main en veut vraiment à tout le monde, mais tellement grotesque qu’elle ne peut être prise qu’au deuxième degré. Ce qui est bien son but. Mais La main qui tue peine aussi à s’imposer avec son humour, qui n’est pas aussi franc, aussi noir qu’on aurait pu espérer. Les plaisanteries sur la drogue et le sexe sont déjà vues, il aurait fallu mettre un accent supplémentaire sur un humour plus macabre. Mais c’est mon côté psychopathe qui parle.

La main qui tue est loufoque, assume son ridicule jusqu’au bout. Ce qui en fera un échec à sa sortie, réévalué depuis. La plaisanterie se tient, et est assez bonne sur certains aspects. La comédie d’horreur se faisait rare à cette époque, avant le renouveau apporté par Shaun of the dead. Le film brasse horreur et comédie avec plus ou moins de bonheur, comme un épisode des Contes de la crypte. Ça tombe bien, c’est dans cette série qu’a débuté le réalisateur.