Maman, c'était long. Putain, c'était chiant !

Scénario :
François (Jean Pierre Léaud) couche avec deux filles : une plus vieille qu'elle, Marie, qui joue le rôle de sa maman, logeant avec lui et le vouvoyant. L'autre, Veronika, qui a une sexualité débridée, parle sans arrêt de "baiser" et tiens en gros le rôle de la putain.

Et pendant les trois heures et demi de film (TROIS HEURES ET DEMI) Alexandre va tantôt discuter avec l'une, tantôt avec l'autre, tantôt avec son pote.... et parfois baiser.... et parfois ne rien faire et juste écouter des disques.

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film"

En tant que sujet d'étude :

La Maman et la Putain est le film j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Jean Eustache un réalisateur dont je n'avais vu aucun film.

Allons droit au but : c'est un cinéma qui se veut d'un certain courant, dans lequel on peut trouver un cinéaste comme Eric Rohmer où l'intérêt est surtout de voir des gens qui parlent, de montrer leurs évolutions, leurs sentiments, dont l'intrigue se passe essentiellement dans un microcosme et dont la forme reste très austère : pas d'actions, un scénario poussé à son strict minimum, une B.O. réduite aux musiques écoutés par les personnages.

Jean Eustache décide de pousser la logique à son maximum avec un film qui dure trois heures et vingt sept minutes. Lorsque l'on entend une chanson, c'est très souvent dans son intégralité, avec les personnages qui lorgnent le plafond ou qui font des commentaires dessus. Lorsque ça parle du sentiment amoureux, ça en parle avec tous les à côté, les moments où on se contredit, les rendez-vous foireux, etc... Jean Eustache parle surtout d'un personnage qui lui ressemble (et joué par Jean Pierre Léaud) et de l'impossibilité de faire un couple à trois.

Même si Eustache s'est longtemps défendu d'avoir fait un film qui parle de son temps, il se regarde très bien comme une carte postale de la jeunesse bourgeoise des 70's notamment le couple Marie / François, qui se vouvoie, qui est libertin (qui se pense libertin, plutôt) et de leurs avis sur le cinéma, l'art, la politique.

Et au fond, c'est une photographie de Eustache : un jeune artiste bourgeois assez réac avant l'heure (François dit avoir détesté Mai 68, crache sur Elio Petri, dit ne pas "comprendre les gens qui travaillent" et la fin offre un discours sur le fait que "la seule beauté de baiser c'est de faire un enfant" et termine sur un proposition de mariage.) Le film est de toute façon anti-féministe par essence : dès son titre il instille que le rôle de femme est central de son rapport à l'homme avec lequel elle est soit maman, soit putain.

Le style fait très théâtral et donc un peu "faux" (sauf Bernadette Lafond, putain, cette actrice était niquelle partout.) Sur Wikipédia, on apprend que Eustache voulait que les acteurs apprennent leur texte par coeur afin de ne tourner au maximum qu'une seule scène. (C'est pour ça que certains plans sont uniquement composés que d'un personnage face caméra qui parle.) Là encore, c'est un parti pris. Disons qu'il est détestable au début du film et qu'on s'y habitue.

Mon avis personnel :

C'est de base, le type même du film que je déteste : c'est lent, c'est bavard, il ne se passe rien et les acteurs jouent comme si c'était du théâtre filmé. Je déteste ce genre de cinéma, ça ressemble à du Rohmer MAIS on ne peut pas dire qu'on m'a pris en traitre. C'est l'inverse de tout ce que j'aime mais encore une fois, ça n'est pas parce que moi je ferais d'une façon que je dois reprocher à des gens de faire d'une autre façon.

Dès l'annonce de la longueur du film, dès l'intro, dès la note d'intention on sent que ça va être ça : des jeunes bourgeois qui discutent de leur vie amoureuse pendant trois heures et demi, qui semblent avoir une vie oisive (sauf Veronika.) J'ai donc maté ce film tout en bossant : après tout, ça n'est ni pour l'action, ni pour la beauté des plans que l'on regarde "La Maman et la Putain." (Quoique, certains plans en noir et blanc sont pas mal notamment les scènes de sexe. Après, le reste c'est du champ/contre champ.)

Toutefois, lorsque j'avais critiqué le tartignole film Doute(s) un autre critique de Sens Critique a vu un lien avec le cinéma de Jean Eustache : des gens qui ne font que parler, une diction très théâtre, une sorte de photographie de son temps. Pour le coup, si Doute(s) est un mauvais film, je peux difficilement dire la même chose de La Maman et la Putain. Et cela tient surtout au fait que les dialogues, s'ils sont très écrit, sont loin d'être mauvais : il y a des moments où je me suis marré, des moments où j'ai noté un bon mot ou une bonne situation. Il y a aussi cette façon d'être très bourgeois et très vulgaire à la fois : ça offre des dictions très théâtrale, mais ça parle de "baiser" à tout bout de champs. Il y a aussi la fameuse "scène du tampax" aussi.

Et puis, il y a eu LE MOMENT DE GRACE : à un moment j'ai trouvé ça bien. C'est lorsque vers la fin....

François réussi à sortir à la fois avec Marie et Veronika et que malgré leur jalousie respective... au final.. les deux filles s'entendent bien. Et elles foutent le doigt sur sa contradiction : celui-ci se dit libertin mais n'accepte pas que Marie puisse, elle aussi, voir à côté. Il se conduit comme un vieux jaloux. Et alors qu'il se met à bouder comme un gamin, les deux lui disent qu'il a tout ce qu'il voulait et que malgré ça, il ne se sent pas bien. Et voir le fantasme du fameux "male cis hétéro" se casser la gueule devant la réalité, c'était VRAIMENT jouissif.

Seulement, on en est déjà à plus de trois heures de films et cette séquence n'en est pas la fin. (La fin est nulle d'ailleurs et permet d'ôter tout doute sur les intentions d'Eustache : l'amour, c'est mieux à deux.)

Mais je ne vais quand même pas mettre une bonne note à un film alors qu'il n'y a qu'un quart d'heure qui m'a plu, notamment quand celui-ci fait 3 heures et demi. Car il faut se l'avouer, dans l'ensemble, j'ai trouvé ça très ennuyant et anecdotique. Bon, le film est basé sur un sujet dont je n'ai rien à foutre, ce qui n'aide pas.

Donc, voilà, ça n'est pas mon cinéma, c'est globalement ennuyant, mais... ça a le mérite d'exister et d'être totalement gratuit sur YouTube.

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le 27 oct. 2022

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Mad Dog

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