Fille du roi Triton, vivant au fond des océans, Ariel est une sirène qui ne rêve que d’une chose : découvrir le monde terrestre. Malgré les mises en garde de son père, elle décide d’aller voir la sorcière Ursula pour la rendre humaine. Mais le marché qu’Ursula lui propose semble bien risqué : elle devra séduire un humain en trois jours, sans quoi elle appartiendra définitivement à Ursula. Et pour pimenter le défi, elle sera privée de sa voix…
Premier film réalisé en « solo » (c'est-à-dire à deux) par le duo John Musker/Ron Clements, deux des réalisateurs les plus emblématiques des studios Disney, La Petite Sirène s’avère néanmoins inférieur en tous points au génial Basil, détective privé, qui marqua leur première incursion à la réalisation (mais en groupe).
Grand retour au conte de fées traditionnel, perdu de vue depuis le chef-d’œuvre La Belle au bois dormant sorti 30 ans plus tôt, La Petite Sirène s’avère d’un grand classicisme, qui fait plaisir autant qu’il en constitue sans doute une limite. De fait, inspiré du classique d’Andersen, le film de Musker et Clements peine à faire ressortir des enjeux dramatiques véritablement prenants, le spectateur restant souvent très extérieur aux différentes péripéties sans réussir à distinguer une scène particulièrement marquante au milieu des autres (quelques-uns surnagent, mais peu). La faute en revient sans doute pour beaucoup à des personnages mièvres envers lesquels on peine à ressentir la moindre empathie. Avec Ariel, les studios Disney trouvent en effet un de leurs personnages les plus niais, et elle n’est guère compensée par un Prince Eric sans caractère. Pour passer le temps, il faudra donc se rabattre sur les personnages comiques, comme Sébastien, dont la plus grande force est d’avoir la voix d’Henri Salvador (dans le premier doublage), et surtout Eurêka, dont le peu de présence à l’écran renforce considérablement les gags.
Mais le plus marquant est de voir combien les animateurs Disney semblent avoir perdu la patte graphique qui conférait aux anciens Classiques leur charme inégalable. Ici, sans être rebutant, loin de là (hormis peut-être la malaisante sorcière Ursula), les graphismes des personnages humains ne retrouvent plus l’harmonie si précieuse et le travail très rigoureux sur les proportions de la grande époque des studios. Le visuel reste plus que correct, et il est difficile de ne pas se laisser emporter par la beauté bien réelle des décors sous-marins et des effets spéciaux qui leur sont associés, mais Disney nous avait habitués à bien mieux…
Fort heureusement, la trop grande rapidité de l'ensemble et la légère baisse de qualité visuelle n’entravent pas quelques beaux morceaux de bravoure, tels que la scène de la première tempête, épique et prenante, une des scènes les plus réussies du film (plus en tous cas qu’un affrontement final bâclé où une Ursula géante tire dangereusement le film vers le nanar), ou bien la transformation d'Ariel chez la sorcière.
A cela, il faut ajouter l’arrivée d’Alan Menken sur les Classiques Disney, qui commence à rehausser le niveau des chansons Disney, descendu bien bas avec Oliver et Compagnie. Même si le génie est encore en éclosion et que les chansons ne sont pas parmi les plus marquantes de Disney, c’est non sans plaisir qu’on le voit émerger pour se préparer à éclater dans des sommets à venir tels que La Belle et la Bête ou Le Bossu de Notre-Dame. De même que La Petite Sirène lui-même, qui, quoique manquant encore un peu d’ampleur, annonce le terrain aux futurs chefs-d’œuvre des studios Disney...