Après avoir fait leurs preuves sur Basil, Détective Privé, John Musker et Ron Clements ne traînent pas et envisagent pour leur prochain film d'adapter sur grand écran un conte bien connu d'Hans Christian Andersen: La Petite Sirène. Il s'agit là d'une dernière tentative pour Disney de se réconcilier avec leur public. Le studio n'a plus adapté concrètement de conte depuis La Belle au Bois Dormant et vivant un Âge Noir interminable depuis la mort de l'Oncle Walt, le projet est risqué.
La Petite Sirène est donc un pur retour aux sources. C'est le retour des Princesses Disney, le retour des chansons toutes les 10 minutes et le retour au format conte de fée qui a disparu depuis belle lurette sur les films de la boîte aux grandes oreilles. Et grâce au talent de Musker et Clements, le nouveau-né des Walt Disney Animation Studios est un carton. La critique l'acclame pour son retour aux vieilles formules et le public suit l'engouement rendant le film très rentable autant au cinéma que sur le marché des produits dérivés. La Renaisance commence!
Le film tient-il pourtant toujours aujourd'hui?
Sur bien des points, oui. Et cela est dû à la décision d'avoir voulu revenir aux fondamentaux du studio tout en les modernisant.
À commencer par ce qui est le plus gros point fort du film et je crois que nous sommes tous d'accord pour le dire: la bande-originale. Quel enfant n'a pas vibré devant sa vieille VHS en écoutant le Main Title du film? Quel spectateur n'a pas voulu danser sur le rythme de Sous L'Océan? Quel fan n'a-t-il pas été emporté par Partir là-bas? Toutes ces mélodies incroyables sont le travail de deux artistes hors du commun: Alan Menken et Howard Ashman. Le premier pour ses compositions d'une beauté et d'un entrain dignes des plus grandes musiques Disney et le deuxième pour son talent de parolier directement issu de Broadway et apportant tout son savoir-faire aux paroles du film. La musique de La Petite Sirène demeure encore aujourd'hui une des bandes-originales les plus magnifiques à l'écoute des Studios Disney.
Visuellement, le film est quasiment irréprochable. Utilisant des effets techniques très similaires à ceux utilisés sur Qui veut la peau de Roger Rabbit, 80% des images de La Petite Sirène sont dotés d'effets spéciaux. Et le résultat est superbe. La majorité du film se passant sous l'eau, les animateurs se sont surpassés pour rendre les mouvements des corps les plus crédibles possibles. Que ça soit les cheveux d'Ariel ou les déplacements des poissons, le rendu est impeccable.
Mais de jolies images et une jolie musique ne font pas un bon film. Il faut avant tout une bonne histoire. Et sur ce point, c'est plus compliqué.
Globalement, ça se tient très bien, l'intrigue dans les grandes lignes suit un déroulement logique et bien mené mais l'écriture de Musker et Clements est un peu plus perfectible que dans leur précédent film. Particulièrement au niveau des dialogues souvent trop niais. Ce détail n'améliore pas l'héroïne du film, Ariel, qui peut autant représenter aux yeux des fans une amélioration qu'une régression. Son personnage contient définitivement des choses intéressantes et est même très attachant dans la deuxième partie du film mais son côte adolescente rebelle qui, dès qu'elle va croiser un homme, ne va penser qu'à lui est assez peu motivant et la sirène se montre alors rapidement agaçante. À boire et à manger. Mais une héroïne globalement correcte. Les autres personnages sont par contre tous réussis. Que ça soit du côté des comics-reliefs comme Sébastien (la scène qu'il partage avec le cuistot est hilarante), Eurêka et Polochon ou du côté des personnages plus adultes comme le Roi Triton ou Ursula, une des meilleures méchantes du studio.
À noter, La Petite Sirène représente la première victoire des fans sur DisneyFrance. Rappelez-vous, les États-Unis avaient forcé plusieurs pays européens à redoubler le film en 1998 (on ignore toujours les raisons précises) et sans déconner, on a jamais vu un redoublage aussi détesté. Les fans, la presse, les spécialistes, le public, tout le monde a gueulé face à ce 2ème doublage pendant 8 années non-stop. Et... Victoire. En 2006, Le film ressort en DVD avec le 1er doublage. Le public a triomphé! Le 2ème doublage n'existe plus.
Au final, on ne peut que féliciter et remercier John Musker et Ron Clements pour avoir fait renaître le studio. Un Nouvel Âge d'Or commença et de nouveaux chefs-d'œuvres vinrent par la suite. Et tout ça grâce à La Petite Sirène.