Ô sombre éros !
En voici un film singulier. Il faut dire qu'en temps normal, l'extraterrestre qui débarque sur notre bonne vieille planète ne nous veut pas que du bien ! En mode Predator il nous extermine en moins...
Par
le 1 sept. 2018
18 j'aime
17
La bande-annonce de La Région sauvage était séduisante, il s'en dégageait une atmosphère particulière teintée de fantastique, qui n'était pas pour me déplaire. Bien évidemment, ma curiosité légendaire était à son sommet et c'est donc avec une immense attente et plaisir, que je me rends à cette séance assez particulière.
Ce n'est pas évident de raconter La Région sauvage. C'est son côté Lynchien qui frappe en premier avec cette météorite dans l'espace, sur laquelle la caméra s'attarde longuement dans le plus grand des silence. Le titre apparaît et aussitôt on voit une jeune femme nue en pleine masturbation. La caméra élargit doucement le champ et on finit par voir furtivement une tentacule visqueuse s'échapper de son intimité. Le fantastique et l'érotisme de cette scène sont des plus troublantes. Un certain malaise s'installe. Il sera accentué par le regard d'une femme dans laquelle son mari s'affaire. Pour le dire crûment, il vient de tirer son coup au réveil, au détriment de son épouse. L'égoïsme de l'homme est flagrant. Il se confirme dans son absence d'intérêt pour leurs deux enfants et les tâches ménagères. En quelques minutes, on est passé d'un moment surréaliste à un instant d'intimité des plus réaliste. C'est l'essence même de cette oeuvre ancrée dans le réel, tout en y insufflant une touche fantastique.
L'entrée est succulente, le plat de résistance sera moins savoureux et le dessert va me laisser sur ma faim. C'est toujours intéressant de parler d'un sujet; en l’occurrence le désir et plaisir; à travers un prisme différent. Ils sont représentés par un alien sachant satisfaire sans distinction aussi bien les femmes, que les hommes. Il remplit un manque et créer une dépendance à son encontre. Elle va se révéler dangereuse, dès que la lassitude s'installe. Cette parabole sur la relation entre les hommes et les femmes, ne me convainc pas entièrement.
Le film repose essentiellement sur quatre personnages : Alejandra (Ruth Jazmin Ramos), son mari Angel (Jesus Meza), son frère Fabian (Eden Villavivencio) et Veronica (Simone Bucio). Leurs liens sont dignes d'un mauvais soap. Alejandra est marié avec Angel qui a une relation extraconjugale avec le frère de celle-ci, Fabian. Veronica va faire la connaissance de Fabian et lui permettre de découvrir l'existence de l'Alien. Ils ont comme point commun de vivre des relations toxiques. Dans les tentacules de l'Alien, ils vont pouvoir s'abandonner et être entièrement satisfait, du moins pour un temps. Puis quand on a plusieurs tentacules, c'est plus facile de combler le moindre orifice de son partenaire. C'est bien sur le fait de s'abandonner totalement, de ne plus avoir d'inhibitions et de vivre pleinement sa sexualité, qui est évoqué. Le problème, c'est que l'Alien est un homme comme les autres.
Les rapports et événements entre ces personnages sont intéressants. Le mari n'assume pas son homosexualité et se cache dans un mariage ou la femme est aussi malheureuse. Il tient des propos homophobes pour masquer son désir pour la gente masculine. L’ambiguïté des relations, finissent par devenir violent. Ils se déchirent entre eux et la maison dans les bois abritant l'Alien, semble être un refuge pour leurs cœurs en souffrance. La passion des débuts s’essouffle rapidement et les coups remplacent les caresses. L'homme ou l'Alien, le résultat finit par être semblable. La forme est différente, mais on se retrouve avec les mêmes rapports et pour ne rien arranger, la fin est abrupte. Ce procédé est parfois intéressant en permettant de réfléchir à ce que l'on vient d'assister, mais là, il ressemble plus à un aveu de faiblesse. Les faits menant à cette conclusion ont malmenés cette histoire perdant de sa saveur au fil des minutes. Les rires se sont fait entendre, avec un mélange de nervosité et de dépit. Le film sombre dans le grand-guignolesque, après avoir pourtant évité de se ridiculiser par son côté soap. Les promesses entrevues au début, ne seront pas tenues et on en sort profondément déçu.
La région ne se révèle pas si sauvage. Les animaux sont dociles et vivent en harmonie, alors que les humains se déchirent entre eux, tout comme au contact de l'Alien. Son côté fantastique n'apporte finalement pas grand chose à une histoire, qui aurait pu être plus intéressante en restant ancrée dans la réalité. La sexualité, les rapports entre les hommes et les femmes, la société patriarcale, la famille et l'héritage culturel sont évoqués dans ce drame érotico-fantastique, finissant par perdre de sa puissance visuelle et narrative.
Créée
le 25 juil. 2017
Critique lue 284 fois
D'autres avis sur La Région sauvage
En voici un film singulier. Il faut dire qu'en temps normal, l'extraterrestre qui débarque sur notre bonne vieille planète ne nous veut pas que du bien ! En mode Predator il nous extermine en moins...
Par
le 1 sept. 2018
18 j'aime
17
Le sexe. Objet de fascination comme de révulsion. Pourvoyeur de bien-être comme de violence, vecteur de vie comme de maladie (mais la vie n'est-elle pas elle-même une maladie ?). Celui qui émancipe...
Par
le 17 juil. 2017
15 j'aime
13
Alejandra et Angel forme un couple en crise avec leurs 2 enfants. Ils font la connaissance de Veronica, blessée après une étrange expérience sexuelle avec une entité dans une cabane. J'avais vu Los...
le 24 juil. 2017
14 j'aime
8
Du même critique
Ce film me laissait de marbre, puis les récompenses se sont mises à lui tomber dessus, les critiques étaient élogieuses et le genre épouvante, a fini par me convaincre de le placer au sommet des...
Par
le 4 févr. 2015
64 j'aime
7
Depuis la décevante conclusion de la trilogie Cornetto avec Dernier Pub avant la fin du monde, le réalisateur Edgar Wright a fait connaissance avec la machine à broyer hollywoodienne, en quittant...
Par
le 20 juil. 2017
56 j'aime
10
Enfin! Oui, enfin une comédie française drôle et mieux, il n'y a ni Kev Adams, ni Franck Dubosc, ni Max Boublil, ni Dany Boon et autres pseudos comiques qui tuent le cinéma français, car oui il y a...
Par
le 16 avr. 2014
52 j'aime
8