Francis Ford Coppola, qu'on appelle aussi "le daron du game", a King of comedy dans son TOP films. Le film de son pote quoi, qu’il à fait pendant qu’il faisait lui aussi des films. C’est bizarre quand même. Énorme, mais bizarre. En tout cas, ça donne encore plus envie de le voir, même si ce n’est pas du tout le plus connu dans la filmographie du monsieur.


En même temps, de premier abord, le film n’est pas un Scorsese classique: une comédie, avec un looser, un moustachu en plus …Et pourtant, le film valide tous ses thèmes récurrents: son personnage principal, Rupert Pupkin, passe par son schèma de prédilection, celui de la chute des anges et de la descente aux enfers(dans un premier temps, l’Élévation: ambition/désir puis corruption, en ensuite la Dégradation: rédemption puis expiation) provenant de l’éducation réligieuse intense qu’il a eu étant petit, avec son lot des questions morales, montrant souvent l’incapacité entre certains principes réligieux (catholique notamment) et d’autres réalités du monde à coexister. Son héros va aussi utiliser la voie de la violence(physique ou morale) pour arriver à ses fins, du moins il va s’y essayer, et va en subir les consèquences inévitables, parce que la violence et la souffrance sont les 2 faces d’une même pièce pour Scorsese(même si pour lui, ça va pas mal lui réussir au final, c’est là toute l’ironie du film). Et enfin le film se passe à New york, sa ville du coeur, celle où il a grandit et où il a réalisé nombres de ses films.


Mais en le regardant, on a plus l’impression de voir quelque chose d’unique.
Déjà, on ne peut qu’être hypnotiser par le magnifique freeze frame servant de crédit d’intro, sur fond de “Come rain or come shine” de Ray Charles, où une seule image nous indique tout ce dont le film va traiter: un homme va tenter de se démarquer de la masse, de passer sous les feux des projecteurs pour arriver à l’endroit qu’il n’a eu de cesse de fixer: devenir un comique célèbre(il y a un autre sens à explorer, si des gens ont envie d’en discuter).


A partir de ce postulat, on peut distinguer 2 points de vue: celui du héros, galèrant pour monter les échelons et arriver au sommet, et celui des mecs déjà en place, avec un pied dans ce show business et qui eux traitent les mecs comme le héros comme des moins-que-rien.


La “haute” est montrée comme un endroit d’inaccessible, accentué par la verticalité de l’architecture new-yorkaise où tout est en hauteur, appuyant une certaine hierarchie. Dans ce monde, les stars ont des secretaires, les secretaires des stars ont eux aussi des secretaires … De quoi devenir fou, de vraies poupées russes où on ne voit jamais la personne au bout de la hierarchie. Mais là où ça devient marrant, c’est quand le film nous montre la paranoia developpée par ces gens là. Ça donne lieu à des scènes surréalistes où les secretaires croient au canular alors que c’est un véritable appel d’urgence.


Après, Jerry Langford n’est pas seulement un enfoiré. On peut comprendre qu’il soit agacé après être interpellé par tous les passants quand il se rend tranquillement au boulot. Parce que oui, lui se mêle un minimum à la populace et ne refuse pas totalement le contact avec eux, toute proportion gardée evidemment. Parce qu’il y a des limites, que le héros lui même ne semble pas connaitre, et on s’en rend très bien compte à la fin de la première scène, sur les escaliers après la rencontre avec Jerry, où il est bien trop collant. C’est l’instant précis où on commence à être touché, à être embarassé, à rire, et à rire de son embarras.


Parce que c’est la base de toutes les histoires de looser non? C’est pourquoi c’est si bien, à cause de la balance émouvant/marrant, avec le niveau d’ ”awkwardness” penchant le cadrant d’un côté ou de l’autre. En tout cas, sur moi, ça marche à 100%. J’adore ce genre de film, de The graduate à The double.


Et notre looser là, il est excellent dans le genre. Personne n’arrive à prononcer son nom de famille correctement, et pourtant, il ne lâche rien. Il y croit dur comme fer. Puis, il bosse vraiment sa théorie. Chez lui, il a un décors avec un faux Jerry en carton, de faux invités, un faux public, et même si le voir se faire des films sur ses potentielles apparitions télévisés c’est marrant et à la fois touchant, il y a une fois où ça en devient vraiment déchirant: je pense au plan où il est filmé de dos, s’entrainant devant son mur de faux public en noir blanc, où les visages figés sont juxtaposés à des sons de rires en masse, et où un traveling arrière finit par l’isoler totalement. Terrifiant. Impossible de ne pas avoir de la compassion pour lui. (Je vous l'ai uploadé sur youtube parce que je suis cool.)


La forme du film va sublimer l’aspect “imagination” de Rupert en répondant à une des phrases qu’il va prononcer à Jerry dans la première scène du film: “Do you know how many time I had this conversation in my head?”. En les imageant de la même façon, le montage génial va confondre l’imagination et la réalité où en 1 cut, on passe de l’un à l’autre sans le savoir. Dans ce sens, on va être au plus près du héros et comprendre toutes les projections qu’il peut se faire.
Et c’est quand on aura bien assimilé ça que le film va nous prendre à revers en nous montrant une scène qui au demeurant est fantasmée(parce Rupert y est en tant que star) mais qui a en fait lieu dans la réalité. Résultat: sans doute la scène la plus gênante du film.


En bref, j’aime tout ce que King of comedy est.
J’aime son héros, qui croit à ce qu’il fait, qu’il peut y arriver et qui est prêt à tout pour. J’aime même le fait qu’il essai toujours de séduire son “highschool crush”. J’aime aussi la forme et le texte du film, que je trouve hilarant, tout en étant touchant bien sûr.


Je crois même que je trouve le titre français intéressant: La valse des pantins. On peut de demander qui sont ses pantins, le public, les stars … Mais au fond, je crois que c’est les 2. Le public parce qu’il bouffe tout ce qu’on lui envoi, et les stars parce qu’elles pensent avoir beaucoup plus d’importance qu’elles en ont réellement.


J’aime surtout ce que le film dit: Finalement, ça valait le coup. Le film ouvre sur Jerry dans son emission TV et finit avec Rupert dans la sienne. Malgré tout, comme quoi, si on nous donne notre chance, on peut y arriver. Dans son caméo, Scorsese valide lui même le talent de son héros en terme d’humour, donc finalement, il a eu raison d’y croire. Nous aussi, on devrait y croire.

Ghettoyaco
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le 6 févr. 2016

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