La comédie humaine
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le 13 août 2012
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La-chenille-qui-se-croyait-papillon tourne et virevolte dans la nuit, fol insecte en quête d'une source de lumière où pouvoir s'abîmer.
Le générique se fige bientôt en un instantané. Un de ceux que Martin Scorsese aime à distiller dans ses films et cet instant figé sera ici le seul, les mains tendues de Masha vers cette vitre, cette paroi de verre qui la sépare de Rupert qui flotte déjà dans la lumière, de l'autre côté. Le voyage, pour lui, a commencé.
La-chenille-qui-se-croyait-papillon s'est laissé pousser une fine moustache, un peu plus courte d'un côté.
Elle porte sur son visage son changement de vie comme si sa métamorphose ne suffisait pas.
Elle jette un œil délavé de mépris vers ceux qui rampent encore, en bas, mais elle ne pisserait pas dessus si ces pauvres créatures prenaient feu sous ses yeux.
C'est Robert DeNiro qui fait lire à Scorsese le scénario de "The King Of Comedy" au milieu des années 70, et même si Marty le trouve chouette, il se dit que c'est pas pour lui.
Et puis, ça lui rappelle vaguement quelque chose. Il se revoit, jeune, apprenti réalisateur prêt à tout pour entrer en contact avec Elia Kazan sans jamais parvenir à l'atteindre.
Tous ces remparts qui se dressent sur ta route quand tu tombes amoureux d'un rêve.
Marty réalise le film en vingt semaines à New York, alors qu'il souffre encore des suites de la pneumonie qui faillit le terrasser après Raging Bull.
Un sujet un peu plus léger en apparence lui fera le plus grand bien, il a changé et le cinéma aussi. "La Porte du Paradis" est passé par là…
La-chenille-qui-se-croyait-papillon trouve que son nouveau costume lui va bien. Elle sait où elle veut aller et connaît le chemin le plus court. Elle brûle de désir et de frustration, y a pas mieux comme moteur pour avancer.
La-chenille-qui-se-croyait-papillon est prête à tout pour ne pas perdre ses ailes.
Le Noir et Blanc, les mouvements de caméra, la violence frontale, Marty laissera tout derrière lui. Sauf peut-être les improvisations, composante essentielle de son cinéma.
Ce film parle de la télévision, alors ça aura la gueule de la télévision. Pupkin se voit en star du petit écran, alors ses fantasmes seront tournés en vidéo.
Il est cet outsider qu'on voit d'abord comme un pantin, un lointain cousin de Travis Bickle, mais c'est lui le marionnettiste.
La-chenille-qui-se-croyait-papillon zigzague toujours plus haut, en proie à l'ivresse de sa condition nouvelle, de ses illusions. Elle fait la belle et fait tout pour ne pas passer inaperçue.
Dans sa tête, elle sait qu'elle est bleue, rouge et verte et que jamais la lumière n'aura vu danser dans ses parages un plus bel insecte. Et ils peuvent bien prétendre le contraire, elle, elle sait.
Scorsese nous offre un voyage dans la tête d'un psychopathe, has-been avant d'avoir été, qui ne voit pas les signaux, aveuglé par ses certitudes, qui s'immisce dans la vie des gens, les kidnappe. Un enfant dangereux qui s'est construit sur des « vous ne croyez pas en moi ? Vous allez voir où je vais arriver ».
Scorsese colorie sa satire féroce de couleurs pastel, d'un cadre statique, s'autorise Jerry Lewis dans un rôle où son sang froid ne peut laisser de marbre. Il fait danser les illusions et livre un conte sur la faim de réussir, trente ans avant que la télé-réalité ne réalise les rêves de gloire des plus fous, transformant le vide cosmique en étoile. Filante.
Maintenant que la chenille est devenue papillon, elle sait qu'il ne lui reste que peu de temps à vivre
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le 8 août 2015
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