Morsay (Mohamed Mehadji, de son vrai nom) semble prendre un malin plaisir à persister dans la réalisation lorsqu’il ne se contente pas de vendre ses t-shirts à Porte de Clignancourt. Après deux opus (le premier ayant bénéficié d’une exploitation en dvd, ce qui ne sera pas le cas du second), à l’image du précédent, ce troisième opus sort directement sur YouTube, pour le plus grand bonheur de ses fans (et de ses détracteurs).
On ne sait pas trop par quoi commencer tant on peine à comprendre de quoi il en retourne, ne parvenant pas à savoir de quoi parle le film, d’autant plus qu’il part en couille en un rien de temps. Les sous-intrigues y sont nombreuses, comme s’ils avaient été une dizaine pour nous chier cette histoire improbable. A titre d’exemple, au bout du premier ¼ d’heure (montre en main !), on ne sait déjà plus par quoi a commencé le film tant il s’est passé de choses (Morsay qui ne règle pas son ardoise dans le troquet du coin, une transaction de shit dans un parking souterrain, un commissaire qui réprimande son capitaine, un flic qui prend en flag un dealer, un autre qui prend son bakchich ou encore Morsay chez Pôle Emploi).
Comme à chaque fois avec Morsay, le film transpire par tous ses pores l’absence de professionnalisme, conférant à chacune de ses oeuvres, un côté « film de fin d’étude » (de 1ère année uniquement, rassurez-vous). L’ensemble du casting est à l’image des précédents films, de l’amateurisme pur et dur. A aucun moment, l’un d’entre eux ne parviendra à donner sa réplique de façon juste, ça en devient même amusant de chercher au détour de chaque scène, qui parviendra à jouer le plus mal. On aura bien évidemment, une pensée émue pour le commissaire (à la 10ème minute) qui bafouille à chaque ligne de texte, les pseudos fascistes qui veulent casser du "bougnouls" sont particulièrement affligeants (les scènes de fight sont foutrement mauvaises) avec la blondasse qui se fait appeler Marion (clin d'oeil évident à Marion Maréchal Le Pen), sans oublier la partie de poker avec le croupier aux intonations constamment à côté de la plaque.
Si les films se suivent, ils n’ont cependant aucun lien entre eux, rassurez-vous, pas besoin de vous infliger les précédents opus pour pleinement adhérer (ou non) à celui-ci. La preuve, vous ne retrouverez pas ici le lieutenant Merguez ou l’inspecteur Coyote du 2ème opus, cependant, on retrouve bel et bien Cacahuète. La mise en scène de son côté se démarque largement du précédent film, exit les scènes en accélérées façon Charlie Chaplin ou Buster Keaton, néanmoins, le montage a le mérite de nous laisser perplexe à bon nombre de reprises (on passe d’une scène à l’autre sans lien entre-elles). Au niveau sonore, si le problème de son était omniprésent dans le précédent, cette fois-ci, c’est l’absence flagrante d’étalonnage qui vient titiller notre rétine (d’un plan à l’autre, la luminosité change en fonction des axes de caméras). Enfin, il est intéressant de constater que Morsay à privilégier la musique classique (sur près de 80% de son film), pour quelle raison, d’autant plus qu’elle alterne avec le rap et parfois l’électro. Était-ce pour des questions purement budgétaires en ayant recourt à de la musique libre de droit ? A noter aussi, l’utilisation de bruitages cartoonesques façon Street Fighter lorsque Morsay se bat avec les fachos, pourquoi ?
Si les scènes de fight viennent encore plus enfoncer le film dans les méandres de l’amateurisme, une séquence en particulier viendra couronner le tout, à savoir la séquence de la fête tournée dans un studio de 25m², où les figurants collés les uns aux autres (digne du métro en heure de pointe) tentent de faire bonne figure pendant que Morsay se déhanche tant bien que mal (la gênance dure 10 minutes !).
La Vengeance 3 (2021) est à ne réserver qu’aux aficionados du genre, près à sacrifier 90min de leur temps de cerveau disponible, entre des répliques consternantes, le non-jeu des acteurs, un scénario abscons et surtout, un placement de marque agressif faisant la part belle aux produits made in Morsay (ses fringues "Cliquez cliquez bandes de..." & "MY"). Ah, j’allais oublier, comme s’il fallait rappeler l’absence de professionnalisme au sein de cette entreprise, après la perche son apparue dans le second volet, il était évident que cela se reproduirait de nouveau, c’est donc sans surprise qu'on la retrouve une fois de plus.
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« Ah non mais moi ça y est, j'ai arrêté tout ça, le shit, tout ça. Ça m'intéresse plus, maintenant je range des boites de conserves au centre commercial. »
« - Mon amour, laisse-moi te faire un enfant sur la Terre mon amour.
- Oui, un enfant sur la Terre. »
Mes autres répliques
La saga au complet :
│ La Vengeance (2012) ☆☆☆☆
│ La Vengeance 2 (2020) ☆☆☆☆
│ La Vengeance 3 (2021) ☆☆☆☆