Dans les années 1970, le film catastrophe est à son apogée grâce aux succès d'Airport (1970), de L'aventure du Poséidon (1972) ou de La Tour infernale (1974). Les personnages se débattent pour survivre face aux péripéties d'un avion capricieux, d'un navire qui prend l'eau ou d'une tour qui s'enflamme. Bien que le genre s'élargisse aussi aux catastrophes naturelles, il démontre que ce que peut créer l'homme peut aussi lui causer du tort. Un point de vue critique sur le Progrès mécanique, dans une décennie très flower power.
Mais Le Bus en folie joue dans une autre catégorie, celui de la parodie de ce genre, en utilisant... Un bus. Mais nucléaire. Impressionnant véhicule orangé d'une vingtaine de mètres de long, avec réacteur, lavage automatique et système de changement de roues sans avoir besoin de s'arrêter. Et avec bowling et piscine à l'intérieur. Une révolution que des industriels pétroleux ne veulent pas voir arriver au bout de son trajet. S'ensuivent différents accidents, causés par ceux qui s'opposent au projet, ou bien par des coups du sort.
Parodiant le genre, le film n'hésite pas à reprendre la plupart des scènes clés, tels que l'homme providentiel qui pourrait sauver la situation, Capt. Dan Torrance, le chauffeur de bus de génie mais disgracié par la société. Il faut dire qu'il a connu un terrible accident, tuant ses passagers, et mangeant un pied humain à l'occasion (mais en ragoût, précise-t'il). Évidemment, il a aussi connu une histoire d'amour compliquée avec Kitty Baxter, ingénieure du bus nucléaire. Nous sommes en 1976, et ce sont depuis des clichés, dont le film avait déjà eu la clairvoyance de se moquer.
Mais "Big Bus", de son fade nom original, n'est pas qu'une décalcomanie comique des scènes représentatives du genre, comme la vague des "* movie" des années 2000. Il a aussi une certaine identité, ne serait-ce que l'exubérance de son bus, ou via une galerie de personnages hétéroclite, campée par un casting reconnu à l'époque mais un peu oublié depuis. Les prestations sont diverses, et nos deux héros, Stockard Chanber qui ne semble guère impliquée tandis que Joseph Bologna Bologna oscille entre le sur-jeu et une réserve bien plus adéquate, sont occultés par les seconds-rôles qui s'en donnent à coeur joie.
Néanmoins, à l'image du jeu des acteurs ou de son affiche, Le Bus en folie oscille dans l'intérêt qu'il propose. Parfois hilarant, proposant des scènes d'une grande originalité, il baigne dans un humour souvent absurde mais plus terre à terre, loin de l'humour déjanté de Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (1980, Paramount studios aussi). La réalisation est, de même, bien trop sage. Signée James Frawley, on ne lui doit comme travail un tant soit peu mémorable que le premier film des Muppets, mais son style sans grande envergure se marie bien aux séries télévisées, et vous avez probablement vu un de ses épisodes sans le savoir.
Pourtant, il se dégage du film un certain charme, et pour ne pas dire une certaine sympathie, pour un film certes inégal mais au final qui n'est pas une bête parodie, mais possède un certain cachet, une identité propre. Le film connaîtra l'échec au cinéma, mais il sera réédité en DVD dans une version soignée, bien que vierge de tout bonus. La bande-son a même été éditée en 2011, dans une édition limitée apparemment de qualité. Le film ne sera probablement jamais un grand classique, même si certains vantent ses qualités ici et là, mais, au de-là de la curiosité, il possède certaines qualités et je ne peux que vous encourager à le visionner.
Alors... Bouclez vos ceintures, et profitez du voyage.