Décidément, que j'aime ces films des années 70, qui avaient une vraie identité, une atmosphère spécifique, des personnages bien écrits et parfois une dose de folie comme ici ! Le titre français est trompeur car il n'est pas seulement un film violent, mais aussi et surtout une balade tragique au coeur d'une Amérique profonde, une curieuse chronique de moeurs qui révèle des personnages pittoresques et un peu toqués. Clint Eastwood lui-même n'est plus le héros schématique de ses débuts, mais un gars étrange et complexe qui n'hésite pas à ouvrir les coffres-forts au canon anti-char. Le film semble aussi être une des premières tentatives de buddy movie, quoique ce concept soit encore mal défini.
Premier film de Cimino, le Canardeur lorgne vers une violence à la Sam Peckinpah qu'il modère étrangement par un comique style Blake Edwards, passant d'un genre à l'autre et ne reculant devant aucune rupture de ton, d'où un aspect parfois inabouti et déroutant, mais très souvent intéressant. Clint est parfaitement à l'aise aux côtés du tout jeune Jeff Bridges qui entamait un beau début de carrière (il s'était fait remarquer en 1971 dans la Dernière séance de Bogdanovitch), tous deux complétés par un fantasque George Kennedy, Geoffrey Lewis (le père de Juliette) qui sera dans d'autres films de Clint, Catherine Bach qu'on retrouvera dans la série Sheriff fais-moi peur avec ses petits shorts moulants, et Gary Busey, tout jeune également. Un film qui vaut le détour.