A la base présenté comme une nouvelle suite au remake du Ringu japonais (de son titre anglais The Ring), cette version 2017, à défaut de pleinement suivre l'intrigue lancée par le premier volet américain, reprend les origines de Samara pour se torcher avec et pondre sa propre version désastreuse du film culte asiatique, partant dans un "toujours plus" ridicule qu'on avait déjà abordé avec la version de Gore Verbinski.
Bien plus reboot que suite, il tente de brouiller les pistes en montrant la vidéo connue (à plusieurs reprises sans qu'elle ne contienne jamais les mêmes images dans le même ordre) pour se garder sous le coude les amateurs (ils existent) du premier volet (enfin, le remake quoi). Une entreprise malhonnête qui ne peut perdurer si les trois scénaristes (d'infâmes tâcherons pas capables de suivre une logique commune) désirent vraiment apporter leur pierre à l'édifice.
Sous prétexte d'évolution numérique, ils dévoilent ainsi une vidéo dans la vidéo au public ébahit par un si grand bordel scénaristique, juste après avoir penché vers le thriller paranoïaque en nous présentant, façon organisation secrète (on pense aux repaires souterrains de Blade), un groupe d'étudiants penchés sur le cas Samara, fasciné par le pouvoir meurtrier de la vidéo.
Si l'idée, complètement idiote, pouvait cependant conduire à certaines réflexions intéressantes si les scénaristes avaient été capables de les traiter (concernant le professeur de faculté qui entraîne, pour ses recherches, la mort de ses propres élèves), elle ne sert en fait qu'à créer un soupçon d'angoisse pour le destin du copain de l'héroïne, qu'on pensait tué par la fameuse vidéo (encore que le cadre temporel est si mal géré qu'on peine à croire alors que sept jours se sont écoulés; là encore, c'est si prévisible qu'on s'ennuie horriblement).
Sans grand intérêt, toute cette première partie (d'un peu plus d'une demi-heure) exploite cependant bien les possibilités créées par les nouvelles technologies, sans pour autant les pousser suffisamment loin pour qu'une seule idée marque autant que celles du remake de Verbinski. Ce manque d'imagination destructeur se retrouve sur les personnalités des protagonistes, tous vides et sous exploités, du personnage secondaire stéréotypé au personnage du professeur cool, en passant par le couple de héros parfait.
De cette première partie rappelant dans l'aménagement une certaine expérience de Zimbardo (on pourrait alors croire que le film désirait partir dans ce sens), l'arrivée de la deuxième vidéo enclenche ce qu'on pouvait redouter : par son désir d'inventer en rajoutant toujours plus, Le Cercle - Rings bascule du statut de suite à celui de reboot. S'il reprend les mêmes acteurs dans la vidéo, il traîne le spectateur jusqu'à la nouvelle enquête forcée aux allures de Destination Finale et d'hallucinations de L'Antre de la folie, le talent de Carpenter en moins.
De ce déroulé poussif, on retiendra un Vincent Donofrio grotesque en aveugle forcément méchant (pathétique sous Stephen Lang), le combat final ne faisant que reprendre mollement (des idées glauques à sa photographie) le final impressionnant du très efficace Don't Breathe. Témoin de l'affreux manque d'imagination de l'entreprise, cette conclusion est à l'image du film : incomplète, pompée (l'introduction à mi chemin entre Non-Stop et Des Serpents dans l'avion est à jeter), sans imagination ni talent, paresseuse et incohérente.
Outre le fameux Double-Tap nécessaire pour tuer tout ennemi (une nouvelle fois, merci Alien), soutenons la bonne idée de conclusion malheureusement amenée n'importe comment. Incohérente du fait de son manque d'explications, elle réussit l'exploit de promettre une suite (qui ne surviendra surement jamais) encore plus bigger than life que ce volet ci, plus proche du thriller d'action que du film d'épouvante japonais.
Catastrophique, sans force ni puissance, Le Cercle - Rings se suit avec autant de désintérêt que d'ennui. C'est une débâcle comme en fait peu de nos jours, pas même capable de pondre au spectateur un tout cohérent et un tant soit peu élaboré. Vaine reprise de films cultes, cet étron horrifique rate son but premier : celui d'effrayer son spectateur. En plus d'être navré par l'écriture, on souffle de n'avoir aucun frisson.