Ma dernière incursion dans l'œuvre de Hayao Miyazaki m'amène à étudier celui par qui tout a commencé. Après plusieurs épisodes de séries, Miyazaki, 39 ans, se voit confier son premier long métrage, le second film dédié à Lupin III. Le monarque d'une principauté ruritanienne meurt dans l'incendie de son palais. La presse annonce les noces de sa fille unique avec un richissime cousin, le comte Cagliostro. La princesse s'enfuit, Lupin III intervient. Réputé cynique, lascif, violant et sans scrupules, ce dernier est le petit-fils du gentleman cambrioleur de Maurice Leblanc. Miyazaki assagit le personnage, le détrousseur se fera chevalier servant et quittera le pays les mains vides.
Le film connaîtra en France quelques difficultés, une histoire de droits. La première adaptation en langue française, en 1983, sort sous le titre Vidocq contre Cagliostro. La seconde, en 1996, paraît sous le titre Le Château de Cagliostro ; Arsène Lupin III y est renommé Wolf. Le troisième doublage le baptisera Edgar de la Cambriole.
L'animation est médiocre, correspondant au standard des années 70. Le réalisateur se distingue par la qualité des angles de vue et des scènes de d'actions, poursuites gautomobiles en Fiat 500, cascades sur les toits ou plongées dans les profondeurs du lac de retenue. Ce qui aurait pu être un simple œuvre de commande, se révèle être le premier des " Miyazaki ". Nous y retrouvons :
" Un somptueux château en ruine, le modèle de Laputa.
" Une forteresse très proche de celle du Roi et l'oiseau de Paul Grimault.
" De paysages alpins, Miyazaki reviendra souvent arpenter cette Europe centrale idéalisée.
" À l'inverse, Le Château de Cagliostro est la seule de ses œuvres à être située dans son temps. Le scénario ridiculise les représentants des grandes puissances de la Guerre froide, affectant un antagonisme masquant une identique corruption.
" Cagliostro est le seul personnage miyasakien, avec Muska du Château dans le ciel, à être intégralement mauvais. Tous deux mourront.
Seul Jigen, le sabreur, est japonais. Laissons-le conclure : " Le nombre n'est pas une force, seul le courage est une force. "