La foi
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Le CNC serait bien inspiré de rénover ce film. La médiocrité du son nous oblige à tendre l’oreille pour profiter d’une merveille de dialogues et l’image supporte mal les contrastes pourtant essentiels à toute la symbolique entourant les Soeurs.
En 1789, dans l’est de la France, deux jeunes femmes entament leur apprentissage et choisissent de se cloitrer dans un couvent de carmélites, dédié à la règle de Sainte Thérèse, dirigé par une mère supérieure ayant pour suppléante la remarquable Jeanne Moreau.
Les réalisateurs prennent le temps de nous décrire le quotidien de ces femmes recluses de leur plein gré : silence entre les vêpres et les matines, tâches répétitives, astreintes collectives. Les barreaux du parloir, unique endroit d’échange avec l’extérieur, soutiennent cette atmosphère carcérale dont la seule échappatoire est spirituelle.
Mais la langueur existentielle de leur vie “régulière“ se heurte bientôt à l’agitation du siècle. De 1789 à la Terreur, en passant par Valmy, les évènements s’accélèrent, mettent en exergue le paradoxe temporel entre ces deux mondes, emportent, dans les tourments d’une époque, ces femmes dont le seul tort fut de tenter de s’en extraire.
Incarnés par le prévôt de la République (Pierre Brasseur), le rigorisme et l’intégrisme changent de camp, nous remémorent quelques heures parmi les plus sombres de notre histoire, une guerre civile qui n’en porta jamais le nom, son lot de spoliations arbitraires, de jugement sommaires fatals ou autres génocides vendéens. L’Enfer est pavé de bonnes intentions.
L’autoritarisme révolutionnaire tranche avec les votes démocratiques des religieuses, la réquisition du prieuré les dépouille de leur seul bien, la mesquinerie totalitaire sublime leur martyr.
Par son propos iconoclaste, Le dialogue des Carmélites interpelle notre époque qui brandit à tour de bras ses “valeurs républicaines“ sans jamais les définir précisément et offre une réflexion intelligente et construite sur la différence entre fanatisme et illumination.
Un très bon film qui pousse à réfléchir.
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Créée
le 16 avr. 2021
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