The Long Goodbye
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le 6 sept. 2014
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A-t-on déjà vu un film policier dans lequel l'enquête à proprement parler avait aussi peu d'importance dans le déroulement de l'intrigue ? J'ai rarement ressenti un tel degré de détachement entre le registre théorique et son application, en tous cas. Robert Altman s'intéresse au moins autant (sinon plus) à deux histoires indépendantes en apparence, dans lesquelles se perdra Elliott Gould aka Philip Marlowe, et à l'envers du décor, la toile de fond en guise de portrait de l'Amérique californienne dans les années 70. Il n'y a qu'à voir à quel point la séquence initiale, totalement dépourvu d'enjeux tangibles, s'étire en longueur : le détective est réveillé à 3 heures du matin par son chat, et après une série de commentaires désabusés nuancés par quelques borborygmes, se lance dans un long périple pour aller lui chercher de la nourriture dont il ne voudra au final même pas. Le ton mi-désinvolte mi-désenchanté est donné d'entrée de jeu.
Peut-être est-ce volontaire, on est en droit de le penser en cette période cinématographique à haute teneur de remise en question des codes établis, mais les trames narratives principales (l'ami de Malowe qui lui demande de l'accompagner à la frontière avant qu'on n'apprenne son "suicide", d'une part, et d'autre part une femme qui l'embauche pour aller chercher son mari enfermé dans une institution équivoque mêlant hôpital psychiatrique et centre de désintoxication) sont magnifiquement prévisibles et dépourvues de sens profond. On suit tout cela avec un léger désintéressement, de manière relativement agréable au demeurant, avec pour conséquence de se concentrer sur tous les à-côtés surprenants de ces pérégrinations attendues.
Le personnage interprété par Gould (Marlowe, un nom qui résonnera comme une référence vaguement familière, avant de retrouver dans les tréfonds d'une mémoire embrumée le lien avec le personnage de Humphrey Bogart chez Howard Hawks, dans Le Grand Sommeil), est excellent dans son registre de privé blasé, adepte d'un "that's OK with me" à répétition qui deviendra presque un slogan. Nonchalant sans être pédant, anachronique sans être tout à fait l'ouest, il trimballe sa bonhommie à travers le film. On flâne avec lui dans les rues et dans les appartements, et on découvre à ses côtés que derrière le luxe et l'apparente bonne humeur de façade se cachent violence, corruption, et trahisons.
Un portrait de solitaire endurci, voisin d'une troupe de hippies abonnées aux séances de méditation transcendantale topless et en plein air, sous l'emprise de substances diverses, pour lesquelles on ne sentira jamais l'ombre d'une attirance physique. Le film regorge de détails sympathiques, l'occasion de noter le travail remarquable de Vilmos Zsigmond : que ce soit sur la forme avec une narration parfois entièrement guidée par la technique (le zoom sur la plage à travers une fenêtre, depuis l'intérieur d'une maison, qui dévoile un personnage s'avançant dans les flots, à partir d'une discussion entre une femme et Marlowe), sur le fond avec le portrait quasi-sociologique de cette Amérique-là (on reconnaît très bien Altman dans cette perspective), ou sur des petites singularités mémorables comme la présence de Schwarzy en slip et en moustache dans le bureau d'un gros mafieux.
http://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Prive-de-Robert-Altman-1973
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Créée
le 26 nov. 2018
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