Found-Footage 2.0

Tourné en caméra amateur par deux réalisateurs inconnus et interprété par trois jeunes acteurs de la même trempe, le long-métrage est une véritable curiosité qui n'a pas fait long feu pour faire parler de lui... Il faut dire que le succès du Projet Blair Witch réside surtout dans sa manière d'être présenté à un public alors habitué à des productions sanglantes et le plus souvent surfaites. Non pas que le film de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez soit réellement novateur (Cannibal Holocaust avait déjà exploité ce stratagème du found-footage), mais jamais aucun des précédents longs-métrages n'avaient été autant réalistes.

Ici, pas de meurtres violents, pas de courses-poursuites effrénées ni de jeu de cache-cache déjà vu : le scénario s'intéresse à la randonnée de trois apprentis réalisateurs d'une vingtaine d'années qui souhaitent faire un reportage sur une légende alentour nourrie par les racontars du coin, celle de la sorcière de la forêt de Blair qui prendrait possession des gens qui y pénètre et les forcerait à assassiner des enfants innocents. En soi, Le Projet Blair Witch peut s'avérer extrêmement ennuyeux tant son réalisme est à toute épreuve.

En effet, voir trois jeunes gens camper, se perdre en forêt, se disputer et blablater pendant une bonne heure n'a en soi rien de vraiment palpitant. Mais c'est pourtant là que réside toute la force du long-métrage et toute l'ingéniosité du scénario, heureusement ponctué de quelques séquences à frissons parsemées ici et là (la mystérieuse disparition de leurs affaires, à glacer le sang). Réaliste, naturel et par conséquent terrifiant, le long-métrage possède surtout un final d'une puissance réellement impressionnante : court mais intense, la dernière minute de bobine enfonce le clou et nous tétanise, nous laissant aussi bien dubitatifs quant à ce qui se trame réellement qu'ébahis par tant de maîtrise, renouvelant clairement le genre du found-footage et proposant dès lors un film culte rarement égalé.