On raconte que devant l’ampleur du succès de Godzilla premier du nom, la Toho mis en chantier et sorti cette suite, Le retour de Godzilla, à peine six mois après la sortie de Godzilla. J’ignore si c’est vrai ou non… Mais je l’espère vu le résultat final.
Exit la dimension politique du premier opus, une certaine poétique de la destruction, quelques enjeux narratifs (fussent-ils maigres), place ici à l’action. Pas n’importe laquelle : celle contre Anguirus, d’abord, qui prend les deux premiers tiers du film quand même, puis l’armée japonaise contre Godzilla sur un glacier. Pas le Godzilla original, non, un autre dont les auteurs ne prendront même pas la peine d’esquisser un semblant de logique dans son apparition. Qu’un scénario maigre comme une feuille de cigarette serve de ligne directrice ne me gêne pas outre-mesure dans un film comme celui-ci, mais faut pas trop abuser non plus sur l’absence de respect du spectateur…
Visuellement, le film est assez pauvre, notamment à cause de choix de cadrages assez malheureux (des gros plans sur les monstres alors que, justement, c’est le plan large qui leur donne leurs puissances) ainsi que des décors réduits à peau de chagrin pour la plupart (des bureaux, des bureaux, un glacier, oh tiens des bureaux…). Le pire est probablement un effet d’accéléré involontaire (le chef opérateur se serait trompé, il diminua le nombre d’images par seconde au lieu de l’augmenter pour faire des ralentis… Ca donne une idée des compétences techniques de l’équipe) qui déforce totalement les combats de monstres, alors que Le retour de Godzilla est le premier film à poser cette base qui sera récurrente dans les futurs kaiju-eigas. Je ne parlerai même pas des personnages unidimensionnels dont on se fout pas mal, car au fond ce n’est pas l’enjeu de ce genre de films, mais quand même…
Chose curieuse, le film fut bien mieux accueilli par la critique de l’époque que le premier Godzilla. Comme quoi le temps qui passe reste le meilleur juge, car là où un Godzilla a certes vieilli mais conserve des qualités, ce Retour de Godzilla mérite d’être oublié.