Le Roi Lion
7.8
Le Roi Lion

Long-métrage d'animation de Roger Allers et Rob Minkoff (1994)

Face à la ruée vers l'or des remakes Disney sortis en paquet sur ces trois dernières années, se replonger dans les plaisirs de l'enfance a de nombreuses vertus salvatrices. Si l'on parlera, une prochaine fois, d'Aladdin et Dumbo, Le Roi Lion, film du jour, constitue une déception savoureuse, un plaisir en demi-teinte. Malheureusement gâché par son écriture, il faut lui reconnaître d'indéniables qualités esthétiques.


C'est au niveau de la qualité de ses images, de ses dessins qu'il se démarque le plus : sorti à une époque charnière pour Disney, Le Roi Lion incarne un vent de renouveau dans le milieu de l'animation, retrouve la légèreté infantilisante des chef-d'oeuvre d'antan. Caractérisés très simplement, on connaît donc le rôle de chaque personnage à leur esthétique : Scar le mauvais, Simba le naïf torturé, Mufasa le juste, les lionnes les mères protectrices.


C'est aussi là qu'il est le plus touchant : parvenant à rendre attachants ses personnages par leur seule manière d'être représentés, il les fait évoluer dans une histoire inspirée de multiples tragédies (notamment Shakespeariennes) pour partir ensuite sur une histoire de rédemption morale, de révélations de fait, de chute des masques destructrice. S'il se déroule de manière maîtrisée jusqu'à cette même chute des masques, c'est qu'il contient encore son rythme : face à l'arrivée exemplaire de Timon et Pumbaa, Le Roi Liopn enchaînera les jolies scènes en dialogues ou paroles de chanson, développant finalement ses nouveaux personnages par leur arrivée chantée.


C'est en cela qu'il parvient à les rendre aussi attachants : rendre ses personnages artisans du film dès leur introduction dans l'intrigue leur assène une importance particulière aux yeux du spectateur. Seulement, après une ellipse fantastique et comique, reviendra en tête des scénaristes l'intrigue qu'ils étaient censés perpétuer, au moment d'une évolution trop joyeuse et loin de la personnalité originale du film.


Plombé par sa rapidité d'exécution, ce retour à la réalité enchaîne les facilités scénaristiques, les deux ex machina, les comportements de personnages idiots et, bien sûr, un symbolisme parachuté suffisamment appuyé pour devenir lourd et pesant. Savane métamorphosé, enfer qui se déploie sur Terre par la méchanceté de Scar, rivière qui s'assèche et revient à la norme une fois le mauvais temps passé, retour à la beauté passée la rédemption de Simba et sa victoire (obligatoire) sur Scar.


Complètement incohérente, cette dernière partie achève un film qui possédait jusque là une maîtrise rafraîchissante de ses thématiques, de ses personnages, de son visuel et de ses musiques, alliant aussi bien les couleurs que les jolis plans, l'animation légère que des musiques pas trop dérangeantes. Si Le Roi Lion constitue également l'histoire intérieure des studios Disney de l'époque (cette vidéo vous l'expliquera très bien), il représente principalement un film charnière dans la carrière de cette société qui, notamment grâce à sa sortie, se releva d'une période à vide pour devenir, depuis, le studio de référence en terme de divertissement de masse.


Pour comprendre le Disney d'aujourd'hui qui enchaîne les suites, les inventions animées et les remakes (notamment du Roi Lion) avec une réussite quasiment perpétuelle, il faut avoir vu cette oeuvre décisive dans leur carrière, et dans l'histoire de l'animation. Ses premières minutes justifient d'ailleurs, à elles seules, son visionnage.

FloBerne

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