The Last Ride.
Biberonné aux plus illustres noms du grand banditisme durant son enfance à Chicago, où le monde des braqueurs sera partie intégrante de son environnement, le cinéaste Michael Mann attendra cependant...
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le 7 juin 2016
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On connait tous un peu Michael Mann. Celui qui a réalisé Le Dernier des Mohicans, Heat ou encore Collateral est de ceux qui ont réussi à atteindre un très haut niveau de cinéma tout en touchant un large public. Le cinéaste américain avait débuté à la fin des années 70 sur le petit écran passe au cinéma en 1981 avec Le Solitaire, et difficile de faire mieux en termes d’entrée en matière.
Michael Mann est un réalisateur méticuleux. Il le montre dès les premiers instants avec la mise en scène d’un casse, exposée dans le détail, montrant le soin accordé aux voleurs dans l’exécution de leur tâche. Tout est très chirurgical, froid, intelligent, construit, rien n’est laissé au hasard. On connaît l’appétence du réalisateur américain pour le bleu, une couleur très présente dans ses films, et qui est ici littéralement omniprésente. L’utilisation quasi-permanente d’un filtre bleu et l’utilisation de vêtements et de lumières bleues alimentent cette ambiance froide et ce style mécanique imposé par Michael Mann. Et le réalisateur parvient parfaitement à créer un climat envoûtant grâce à une superbe mise en scène et à des fulgurances visuelles, notamment lors des scènes de nuit, avec ces lumières et ces reflets qui créent un climat tout à fait particulier. On y trouve des aspects féeriques, presque oniriques, allant pourtant en complète contradiction avec le contexte dans lequel le film se déroule.
Le Solitaire vient réadapter l’esprit des grands films de gangsters des années 1930/1940. Frank a été marginalisé pour un petit larcin idiot et est entré dans une spirale infernale qui, malgré ses efforts, l’empêche de reprendre une vraie place dans la société. On retrouvait ce schéma dans des films tels que Je suis un évadé et Les Fantastiques Années 20. Il ne rêve que de réussir à mener une vie paisible, et ses buts sont très simples, mais sa condition d’ancien détenu et son passé l’obligent à rester dépendant de ce milieu, et à vivre dans le risque de retourner en prison. Ainsi, Michael Mann crée sa version du gangster, plus moderne, mais habité par les mêmes problématiques que ses prédécesseurs, tentant de construire un idéal de vie sur des fondations corrodées par l’illégalité et le crime.
Le titre du français du film, Le Solitaire, désigne d’ailleurs très bien ce que représente le personnage de Frank, et sa position vis-à-vis du monde qui l’entoure. Il est solitaire à cause de son passé qui l’empêche de correctement se réinsérer dans la société. Il est également solitaire par son tempérament fort et indépendant. Solitaire par l’absence d’une famille et de repères familiaux, qui ne s’incarnent qu’à travers un père spirituel (Okla) et un père « de famille » (Leo). Frank est comme une sorte de grand adolescent, qui ne veut pas se laisser dicter sa conduite, qui a des objectifs de vie simples, mais qui est encore sous le joug de l’influence et qui cherche son indépendance.
Avec ce premier film, Michael Mann frappe un grand coup. Le pitch du Solitaire, déjà attrayant, ne m’avait pas préparé à un film d’une telle qualité. James Caan incarne à merveille ce personnage qui nous attire par son humanité, sa force de caractère empreinte d’une certaine crédulité qui le fragilise et nous fait prendre fait et cause pour lui. Superbement réalisé, il est également profond et intelligent, ne se contentant pas d’être un film de gangsters ou d’action simple, mais qui parvient à atteindre un haut niveau et d’être une vraie oeuvre cinématographique forte et prenante.
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le 13 juin 2018
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