Après l'annonce de la mort de Jerry Lewis en 2017, je me suis replongé dans sa filmographie, longue comme le pied d'un clown. J'ai toujours eu une profonde sympathie pour certains de ses films, bien que d'autres ne soient que des comédies assez peu marquantes. Mais il y avait une douce folie qui habitait ses personnages, tandis que l'homme était d'une richesse assez incroyable, et il n'est pas trop tard pour le découvrir un peu plus.
Dans les films qu'il a réalisé seul ou pour certains fidèles, j'avais toujours cru comprendre que Docteur Jerry et Mister Love était le préféré, celui qu'il fallait voir s'il ne fallait en voir qu'un. Hélas, un peu trop intimidé par cette réputation, j'étais passé à côté du film, il n'avait pas trouvé grâce, j'étais déçu. D'autres avis, et j'ai l'impression qu'ils sont plus récents, ont décidé de placer Le dingue du palace en haut de ce piédestal à la gloire de Jerry Lewis. J'aurais plutôt tendance à me rapprocher d'eux.
Pour ce premier film seul aux manettes après la séparation de son duo avec Dean Martin, Jerry se fait plaisir, et se paie le luxe de rendre à ses idoles burlesques en noir et blanc la dette qu'il leur doit. Stanley est le groom d'un grand hôtel, tour à tour victime des plus grandes quiproquos possibles et responsable de bévues qui ne peuvent créer que de la pagaille. Ceci avec force de cascades, de grimaces et de situations hilarantes qui s'enchaînent, sans cesse renouvellées.
Dans ce qui peut s’apparenter à un film à sketchs, Jerry Lewis ose tout, laisse exprimer sa douce folie, ne s’embarrasse que peu d'une certaine histoire. On y croisera pourtant un Jerry Lewis qui joue son propre rôle, dans une parodie de star adulée qui en dit long sur ce que pense l'auteur de ce cinéma. Et que finalement Stanley est plus Jerry Lewis que Jerry Lewis dans le film. Mais pour comprendre cette phrase il faut voir le film.
Pour autant, même si le film est un sommet d'humour, il ne reflète pas vraiment la filmographie de cet incroyable homme, composée de films un peu plus conventionnels. Le dingue du palace est l'expression d'indépendance d'un homme qui a décidé de prouver à tout le monde qu'il pouvait se débrouiller seul, en utilisant l'humour jusqu'au bout de la pellicule. Avant de revenir plus tard à des histoires un peu plus construites, plus classiques, charmantes ou pas mais toujours comiques.
Le meilleur pour prouver l'humour burlesque de Jerry Lewis ? Probablement. Mais il s'agit d'un film à part dans sa filmographie, cependant hautement recommandable.