Basé sur un scénario de Paul Schrader un an après sa contribution à Taxi Driver, Légitime violence subit souvent la comparaison à ce dernier. Il est forcément perdant puisque le rapport au personnage principal est toujours externe et qu'il ne montre aucune sensibilité. Légitime Violence est également moins complexe et les antagonistes de son héros n'ont pas de véritable présence. Enfin le scénario de Schrader a été légèrement retouché par Heywood Gould, amenant Schrader à calomnier le résultat, où son emprunte se ressent toujours fortement.
Rolling Thunder n'est pas un film tout à fait brillant, mais intense et très proche du cinéma de Peckinpah. C'est également un très bon représentant des 70s en tant que décennie des films indépendants brûlants et cyniques. Il est convaincant dans son approche de la condition psychologique des anciens vétérans du Viet-Nam et plus largement des individus ayant subi la torture. La fausse romance avec Linda ajoute au décalage du film et de l'univers du Major Charles Rane.
Le spectateur n'a pas de véritable repère ni exutoire et la froideur parfaite étreignant Rane agit comme une matrice invisible. Tout a un goût amer et cruel à la surface, toute satisfaction semble inutile, tout désir semble impossible. William Devane et son physique original sont parfaits pour interpréter ce sous-vivant, faisant du meurtre de ses agresseurs à son retour aux Etats-Unis la catharsis pour l'ensemble de ses souffrances.
La réalisation est assez nerveuse, les espaces bien choisis, malgré un cachet relativement modeste. John Flynn est efficace même s'il a moins d'idées que ses auteurs et moins d'impact que ses interprètes (Linda Haynes excellente en fausse femme parfaite, fausse « groupie » et vraie dure). Il réalisera dix ans plus tard Haute sécurité et Justice sauvage, films d'action avec en vedette Stallone et Seagal, appréciés par les nanardeux férus de dialogues badass. Enfin en dépit de sa présence parmi les films cultes de Tarantino, Rolling Thunder demeure largement ignoré.
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