William Devane, mix improbable entre Sam Neill et Willem Dafoe, est vétéran du 'nam. Quand il revient au pays après des années passées dans un camp de prisonniers pas vraiment à cheval sur la procédure, acclamé par tous ses voisins avec ballons et drapeaux, on lui offre une magnifique décapotable et un dollar pour chaque jour passé en captivité. Sa femme veut le quitter pour un de ses amis et lui enlever son fils qu'il adore.
Le problème c'est que cet homme s'en fiche comme de l'an quarante de tout ça. La seule chose qui lui importe, c'est son fils, le reste est oublié. Jusqu'à ce qu'un groupe de mexicains, dont un simili Micheal Rooker, viennent le mutiler et abattre sa chère progéniture. Et sa femme aussi, mais ça il s'en tape et nous aussi.
Alors il scie les canons du fusil, aiguise sa prothèse, et part sur les routes en compagnie de sa (très jolie) marraine de guerre en débardeur.
Le film porte la patte de Paul Schrader, avec cette atmosphère désillusionnée et réaliste qui le caractérise.
Pas tellement d'action au final sur cette petite heure et demi, et lorsqu'il y en a (poursuite dans un labyrinthe de cages à bestiaux, yeah) elle se déroule sans grand renfort de mise en scène. L'attaque de la maison, scène clef au début du film, est filmée très sobrement. Rapide travelling, pour faire monter un peu la tension, scène qui s'ensuit extrêmement rapide avec un son très neutre: quand le major se prends un pain on dirait que quelqu'un a échappé une télécommande sur de la moquette, quand on arme le chien de son .357 pas un bruit. Rolling Thunder est en fait un road-movie morose, qui traîne son héros masochiste jusqu'au Mexique pour l'ultime baroud d'honneur à la Peckinpah (j'ai vraiment pensé au "Guet-Apens"), canons-sciés en main, avec l'assistance d'un Tommy Lee Jones tout jeune en sidekick dépressif.
Le rapprochement avec Taxi Driver, sorti un an plus tôt, est évident. Passion des armes (que l'on entretient torse nu avec des bretelles, je ne sais pas pourquoi), importance de la voiture aux U.S., problème de la réhabilitation post-Vietnam et de la désillusion qui s'ensuit chez les mâles du pays. Moins maîtrisé, plus brut, Rolling Thunder est sa version série B par un réalisateur qui fera plus tard un Seagal et un Stallone.