Le Commandant Charles Rane rentre chez lui à San Antonio après 7 ans passés au Vietnam. Durant son absence, les Etats-Unis ont beaucoup changé, sa femme veut divorcer. Quant à son fils qui a 8 ans, il ne le connait pas. Victimes d'un cambriolage qui tourne mal, Rane est gravement blessé, sa femme et son fils abattus. Amputé de la main droite qui sera remplacé par un crochet métallique, Rane n'a plus qu'une idée en tête: se venger.
Légitime violence (Rolling Thunder*) est un thriller d'exploitation américain de John Flynn de 1977.
Ayant depuis des lustres une réputation de film culte, Rolling Thunder est l'un des premiers films appartenant au genre du vigilante movie mais abordant également en creux la question du retour difficile à la société civile des anciens du Vietnam. Cette thématique deviendra une source d'inspiration pour les réalisateurs américains par la suite (Né un 4 juillet, Rambo...).
Attention, cette critique risque de vous spoiler.
Evitant tout sensationnalisme avec son anti-héros, cultivant même une certaine monotonie et comportant pas mal de temps morts, Rolling Thunder n'a jamais "joué dans la même cour" que Rambo avec Sylvester Stallone (C'est pas ma guerre!) ou Un justicier dans la ville avec Charles Bronson (Pan! t'es mort!).
Je te regarde mais je suis mort
La force du métrage réside dans sa sobriété et son minimalisme. Le film est découpé en trois parties: le retour à la vie civile, le cambriolage qui tourne mal et la vengeance de Charles Rane.
Dans le scénario initial de Paul Schrader, le Major Rane était initialement raciste et violent. Il devint à l'écran un homme taciturne et peu loquace.
Charles Rane et son collègue Johnny Vohden (interprété par un tout jeune Tommy Lee Jones) sont revenus de l'Enfer vietnamien rongés par la violence. Lors de leur arrivée sous les acclamations de la foule, les deux hommes redoutent de retrouver leurs familles, ils n'aiment pas l'Amérique qu'ils re découvrent. Ce décalage entre Charles Rane et le monde qui l'entoure est constant et distille une impression de malaise. Campé par un William Devane n'arborant pas son rictus habituel et assez peu expressif, Rane dégage une impression de vide durant une grande partie du film. Complètement impassible et mutique après la mort de sa femme et de de son fils, ayant perdu sa main droite, il déclare à son amie qu'il ne ménagera jamais: "Je te regarde mais je suis mort". Il est clair que ce personnage froid en quête de vengeance ne pouvait créer d'empathie auprès du public. Cela ne fut pas d'ailleurs pas étranger aux difficultés de distribution que connut le film lors de sa sortie.
Rolling Thunder peut rebuter par son coté statique, certains lui reprochent son coté psychologique. La réalisation vise sur ce point à créer une ambiance sourde qui préfigure la violence finale.
Une fusillade d'anthologie
Le film se termine par une fusillade dans une maison close au Mexique où Rane et Vohden débusquent l'ensemble des membres du gang ayant participé au cambriolage et leurs acolytes . Dans une scène d'une grande violence qui n'est pas sans rappeler Guet apens de Peckinpah, les deux hommes affrontent une vingtaine de truands pris par surprise. Exutoire légitime pour Charles Rane, cette entreprise meurtrière pourrait être considérée comme le plus ultime et le plus nihiliste des gestes désespérés.
Rolling Thunder, film d'exploitation âpre, pas facile et anti conformiste, est l'un des films favoris de Quentin Tarantino.
Candy: What the fuck are you doing?
Johnny: I’m gonna kill a bunch of people.
- Rolling Thunder fut le nom donné à une campagne de bombardements massifs au Vietnam à la fin des années 60.
Ma note: 7/10