C'est au cœur de Hong Kong que Wong Kar-wai nous immerge pour y suivre quelques destins égarés dont celui d'un tueur en gage qui devait composer la troisième partie de Chungking Express.
Après la légère déception que représentait ce dernier, je me retrouve à nouveau ébloui par la maestria du metteur en scène d'In the Mood for Love et cette façon unique de nous plonger au cœur d'un Hong Kong nocturne et désabusée. Ici c'est autour de quelques destins perdus, cherchant à se trouver eux-mêmes qu'il axe son film, des âmes errantes qui manquent de se rencontrer et doivent faire face à une solitude de plus en plus envahissante.
Il y instaure une atmosphère désabusée, mélancolique et surtout puissante, dont les moments de grâces et de lyrismes côtoient les fumées de cigarettes et l'errance de ces anges brisés aux histoires d'amour impossible. Comme dans In the Mood for Love, j'ai la sensation d'être devant une œuvre hors du temps et envoutante où l'on est littéralement plongé dans cette nuit unique et lumineuse. Il met en avant les doutes des personnages, leurs vraies natures et, à travers eux et cette ambiance, nous fait passer par tout un panel d'émotion, l'émerveillement et la mélancolie en premier lieu.
Ce qui frappe dès les premières secondes, grâce auxquelles on identifie de suite le style du réalisateur Hongkongais, c'est sa beauté formelle, cette façon de jouer avec les images et de faire corps avec l'atmosphère étrange du film. L'exercice de style est brillant, notamment dans la façon dont il filme ses personnages, bien souvent caméra à l'épaule, et usant de ralentis et accélérés toujours adéquats. Si j'avais un peu peur de la lenteur, il n'en a rien été ici tant l'atmosphère est prenante et l'immersion totale, bien aidée par une bande-originale bien utilisée.
Wong Kar-wai nous plonge dans une nuit colorée, mélancolique et étrange à Hong Kong, suivre plusieurs errements d'anges déchus, regardant leur propre vie et s'interrogeant sur la suite à y donner.