La famille Croods est une famille d’homme des cavernes, qui voue une haine absolue à tout ce qui est potentiellement dangereux, c’est-à-dire tout ce qui est nouveau. Seulement, Eep, la fille aînée, est irrésistiblement curieuse, au grand dam de son père Grug, qui voudrait qu’elle reste cachée dans la caverne familiale. Mais leur monde est en train de changer, et suite à la destruction de leur caverne, voilà la famille Croods obligée de partir à travers le vaste monde pour trouver un lieu sûr, à la suite de Guy, un guide qui semble prendre des risques inconsidérés, surtout aux yeux de Grug…
C’est peu dire que les productions Dreamworks sont inégales, mais avec Les Croods, basé sur une idée originale de John Cleese, ancien membre des Monthy Python, Chris Sanders (réalisateur des excellents Lilo & Stitch et Dragons) et Kirk de Micco offrent aux studios une de leurs plus grandes perles. Doté d’un univers foisonnant d’une richesse inépuisable, Les Croods est sans nul doute le film le plus abouti techniquement des studios Dreamworks, et peut-être celui qui m'a le plus fait rêver... Par sa perfection visuelle, son souci du détail et son dynamisme (renforcé par une excellente musique d'Alan Silvestri), il apparaît comme une véritable merveille dont on se délecte à chaque instant, d’autant que la découverte de ce monde fantastique est accompagnée par un humour déjanté souvent hilarant (inoubliable scène où la famille Croods découvre le feu !), jamais vulgaire, même s'il se force de temps en temps. Cela n’exclut pas une véritable poésie, qui s’installe au fur et à mesure de l’émerveillement qui envahit le spectateur, à travers les yeux de cette famille préhistorique, à laquelle il est dur de ne pas s’attacher, malgré des designs pas assez fins, une malheureuse récurrence dans l’animation des studios Dreamworks.
La psychologie distillée dans le film est elle aussi fidèle à ce que font les studios, c’est-à-dire d’une naïveté appuyée, insistant beaucoup trop sur la dualité entre Grug, le père montré presque uniquement comme le benêt de service, et Guy, le jeune beau gosse débrouillard, à qui tout réussit car il profite pleinement de la vie (en revanche, la morale sur l'unité de la famille est plus sympathique et moins pesante). Mais le plus beau, dans Les Croods, c’est que ce regrettable moralisme naïf et sans nuances parvient à s’effacer derrière le plaisir sans bornes qu’on prend face à ce périple grandiose et rythmé, d’une ampleur telle qu’on n’attend plus qu’une chose en sortant de ce film : la suite !