Jaws et whales, hors-la-loi
SPOILER ALERT
Jaws. Un titre court, accrocheur, pour un film à jamais dans l'Histoire du cinéma. Pour l'anecdote, le titre a été trouvé 30 minutes avant le début de la production !
Les scènes avec le requin sont particulièrement saisissantes, surtout lorsqu'on garde à l'esprit que le film est sorti en 1975. 1975 bordel ! Pardon...frakking 1975 !
Mais "Les dents de la mer", outre son titre français pas très glamour et ses 2 antagonistes, ce sont aussi tout un tas de petites scènes simples, à l'image de celle dans laquelle le fiston imite son papa à table, tout en complicité et en tendresse. C'est aussi, juste avant "l'assaut final", la scène dans laquelle Quint raconte son calvaire après avoir lâché "LA Bombe", entouré par les requins, assistant, impuissant, à une hécatombe effroyable parmi ses frères d'armes. Sa performance d'acteur est mémorable, son histoire (basée sur une histoire vraie) est glaçante.
Comme Spielberg l'a lui-même décrit, nous avons donc affaire à une sorte de "Duel", avec un requin à la place d'un camion: "I'm young and I'm stupid, and I'm saying Duel and Jaws. Duel has 4 letters, and Jaws has 4 letters. And they are both about Leviathans preying upon every men...this is kind of a sequel to Duel, only it's underwater" (extraits du making of du Blu Ray, très intéressant au demeurant, à l'image des autres bonus. Traduction des propos de Spielberg dans les commentaires sur simple demande).
Il est intéressant de noter que l'ami Steven avait réecrit un scénario complet en reprenant la base du travail de Peter Benchley (qui est l'auteur du roman "Jaws" sorti en 1974), script dont certains passages ont à leur tour été remaniés par Howard Sackler (et un peu John Milius, non crédité).
En témoigne la première apparition du chasseur de requins, Quint, interprété par l'excellent Robert Shaw. Dans le film, on le voit passer en arrière plan à bord de l'Orca, se moquant de tous ces gens qui sont persuadés d'avoir capturé le bon requin. L'idée de Spielberg était de voir le personnage pour sa première apparition, dans une salle de cinéma, riant aux éclats devant la projection de Moby Dick. Mais Gregory Peck n'ayant pas aimé sa propre prestation du personnage de Ahab dans le film, le réalisateur de Jurassic Park, La Liste de Schindler, et tant d'autres merveilles n'en obtint jamais les droits.
Il y a aussi la scène dans laquelle le fils Brody se retrouve à l'eau alors que le requin retourne une barque et attaque un homme juste devant ses yeux. SS (mince j'avais jamais fait attention à ses initiales !) voulait que le requin emmène l'homme dans sa gueule, tandis que ce dernier tenait le fils Brody avant de le relâcher sur le côté, le sauvant juste avant d'être emporté. Mais l'idée n'a pas été retenue car jugée trop violente.
A noter également que Jeff Bridges, Jon Voight, Jan-Michael "Stringfellow Hawke" Vincent et même Charlton Heston, ont été envisagés pour le rôle de Brody. Arrête ton char ! Et que les autres acteurs, à l'exception de Lorraine Gary, n'étaient pas non plus les premiers choix de Spielberg.
On pourra se demander longtemps ce que Jaws aurait pu être si toutes les idées initiales, et si le casting voulu par le réalisateur au départ avait été employés. Mais ce qu'il faut surtout retenir de ce Jaws, c'est le grand film qu'il a été, qu'il est et qu'il restera, c'est l'impact qu'il a eu sur l'évolution du cinéma, véritable uppercut dans la mâchoire d'Hollywood. John Williams n'est pas étranger à ce succès, la bande son du film étant une réussite totale, avec ce thème tellement repris et éternel. Et puis, Roy Scheider, Richard Dreyfuss, Robert Shaw, Lorraine Gary, etc...le casting est juste parfait comme cela, le reste n'étant qu'anecdotes et potins.
S'il n'y a qu'un film de requins à voir, un modèle, une pièce maîtresse, c'est JAWS.