Après que Lazenby ait réfusé de faire un second épisode, les producteurs ont réussi à faire revenir Sean Connery, moyennant 1,25 millions $ sur les 7 millions de budget plus 12,5 % des recettes américaines pour un total de 6 725 000 $ de cachet, une fortune à l'époque. En comparaison, Connery avait gagné 1 million de $ pour On ne vit que deux fois (1967) et Lazenby 400 000 $ pour Au service secret de sa majesté (1969). C'est beau, le capitalisme sauvage !


Cet épisode est donc plus une histoire de gros sous qu'autre chose. Durant tout le film, Connery est en sous-régime et a l'air de s'emmerder ferme, presque autant que nous ! Les effets spéciaux sont très bas de gamme par rapport aux films précédents, ce qui laisse à penser qu'ils n'ont pas été beaucoup financés ni fignolés. Et l'intrigue bat de l'aile. Même James Bond dans le film le fait savoir : «Mais entre nous est-il utile de voir notre section chargée d'une affaire relativement simple de contrebande ?»


Il n'y a pas grand-choses à se mettre sous la dent dans ce long-métrage : les seconds rôles ont tous l'air de faire de la figuration et sont parfois grotesques. Charles Gray, impayable dans The Rocky Horror Picture Show (1975), a ici une performance tout juste passable en tant que Spectre. On a également rarement vu une Bond Girl plus pot de fleur et pépiante que Tiffany Case (Jill St John). Une porte-perruque ambulante, c'est le cas de le dire : blonde, brune ou rousse, faites votre choix. M. Vent (Bruce Glover) et M. Kidd (Putter Smith) sont incontestablement les plus ridicules seconds couteaux de la série. On peut d'ailleurs parler de film homophobe puisque les allusions à leur homosexualité sont fréquentes tout au long du film et que Bond va tuer M. Vent «la queue entre les jambes».


Les invraisemblances et les combats ridicules sont aussi plus fréquents que d'habitude. Ce ne sera plus un défaut dans la période Roger Moore, puisque l'ensemble de ses films sont kitschs et légers, mais ici avec Sean Connery, ça crée un déséquilibre et des incohérences. Par exemple, la façon dont 007 vainc Bambi (Lola Larson) et Perle Noire (Lila Parks) : après s'être bien fait envoyer dans le décor à plusieurs reprises par les deux filles, il a comme par magie le dessus sur elles dans la piscine.


Les décors à Amsterdam ou à Las Vegas auraient aussi pu être mieux mis en valeur. L'exotisme traditionnel est en tous cas quasiment absent de cet opus. La scène avec l'engin lunaire est fantaisiste voire légèrement débile. Finalement, une des scènes qui sauvent le film d'être un navet fini est la course-poursuite en voiture américaine avec la police de Las Vegas qui est plutôt rejouissante même si elle n'est bien sûr pas du niveau de celles d'un Bullitt (1968) avec Steve McQueen ou encore moins de l'excellent French connection sorti deux mois plus tôt.

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le 10 avr. 2015

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