Les espions d'à côté de la plaque (dégoût)

"On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure."
Bam. Mais ça c'était avant l'ère de l'homo-festivus...
Convoquer Bernanos et Muray en ces lieux est ridiculement pédant, absurde, et par là même un peu excitant. En plus c'est gratuit, alors pourquoi s'en priver ? C'est donc d'un même mouvement que je m'en vais filer 7 étoiles à La Chèvre de Veber et dézinguer ce petit film qui ne demandait rien mais qui en tant que produit de divertissement est une infamie.


LE PITCH : Un couple d'espions plus sexy que crédible emménage à côté d'un couple middle-class comme on en voit dans les pubs Kellogg's All Bran.


Pléthore d'excellentes comédies sont basées sur ce ressort du choc de deux univers, avec ses quiproquo, ses rapprochements qui font ressortir les contrastes ou rassemblent dans une belle humanité, même si cela oblige à sérier, parfois caricaturer les divers composants. Simplement là, entre la vie moyenne à laquelle nous, pauvres cons de spectateurs, sommes censés nous identifier, et notre objet d'entertainment (la vie fantasmée des espions), les contrastes comme les rapprochements sont très artificiels, voire douteux.


SPOIL : Si les premiers vivent une vie estampillée comme sacerdotale mais passionnante, les seconds n'ont pas de projets bien exaltants quand les gosses sont enfin loin. Lien direct de cause à effet : leurs coïts sont rares, sages et courts. Et si vous ne l'aviez pas présumé dès le pitch, on vous l'explique dans le film.


LES ESPIONS : Le sexe dans le regard de l'espionne n'est pas suggéré : il est là, c'est tout. Et c'est bien ça le problème : pourquoi s'enquiquiner à écrire ses personnages, à leur donner du charme, du mystère et de l'esprit quand on a le corps de Gal Gadot et l'aura Mad Manesque de Jon Hamm ? (Qui certes porte bien le costard mais ne sera jamais Sean Connery, je tiens à le dire.)
Il semble que la base fantasmatique de la vie d'espionnage ne tienne qu'à ça, ainsi qu'à l'air décidé avec lequel on brandit son gun.


LES AUTRES : Des seconds rôles assez vagues et néanmoins pathétiques en périphérie de Madame et Monsieur tout-le-monde au pays des barbecues.
Monsieur a deux vertus, celle d'une loyauté indéfectible envers le premier buddy qui passe, et celle de "savoir écouter", à force d'empathie et de naïveté : Zach Galifianakis. Quelqu'un a t-il aperçu ce mec dans un autre emploi ? Sans blague, c'est une vraie question.
Dans la vraie vie Madame (Isla Fisher) a épousé Sacha Baron Cohen et non le gentil petit gros de service. Dans le film, elle a deux qualités (qui n'en font pas des vertus) : elle est entreprenante et douée pour espionner ses voisins. Pour autant, elle ne fait pas de musculation du vagin en vue de casser des noix avec. Cette métaphore grossière n'est pas de moi : c'est dans le film, textuellement. Ceci étant il paraît qu'en Asie on peut voir des spectacles où des femmes font par ce biais des choses étonnantes avec des balles de ping-pong. A croire que la super puissance du vagin excite les hommes, ou motive les femmes, ou fait rire les cons, je ne sais pas. Dans les trois cas ça me fait flipper.


CONCLUSION : Non seulement on n'est pas transporté, mais on ne rigole pas non plus car on voit tout arriver à des milliers de kilomètres. Bon, en vrai, j'ai ri 3 fois au détour des maigres gags baignant dans des dialogues fadasses.
Ce film est vulgaire, non pas par son format stéréotypé ou son humour scabreux, mais bien par les moyens mis en œuvre (image calibrée blockbuster, quelques money shots genre explosion et course poursuite) au service d'une écriture extrêmement faible, montrant bien peu d'amour pour son histoire et ses personnages, mal dessinés, aussi peu touchants qu'éblouissants. Un comble pour Greg Mottola, connu justement pour sa tendresse envers les jeunes, les geeks et les losers, ce qui révèle à mon sens bien du mépris pour le spectateur, ce naze à qui l'on fourgue des distractions clinquantes mais gentilles, et inversement.

claucloc
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le 13 avr. 2017

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claucloc

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