En adaptant le roman The World Moves on de Mark Hellinger, Raoul Walsh nous fait suivre l'ascension d'Eddy Bartlett dans le milieu des gangsters des années 1920, suite à un retour de la Première Guerre mondiale plus difficile que prévu.
Raoul Walsh nous entraîne en pleine années folles suivre le destin de trois amis qui se rencontrent à la guerre et vont prendre divers chemins plus ou moins similaire. Le récit est ambitieux et couvre toute la période allant de la Première à la Seconde Guerre mondiale bien que Walsh axe avant tout son film sur l'époque de la prohibition, Il bénéficie d'abord d'une excellente qualité d'écriture, tant sur l'avancement de l'histoire que sur les personnages et la mise en scène est au niveau, sachant nous immerger au plus près de protagonistes, permettant de nous y intéresser, à eux et aux enjeux.
Mélangeant drame et film de gangsters, Walsh aborde plusieurs thèmes tels que l'amitié, l'amour, les trahisons, la prohibition et tout simplement la vie et les dilemmes qui s'en dégagent, ce qui n'est pas sans rappeler le somptueux Once Upon a time in America, que Sergio Leone réalisera une quarantaine d'années plus tard. Mais ici, le rythme est rapide (peut-être trop même, au moins 30 minutes supplémentaires n'auraient pas été de refus), tout comme le montage et Walsh utilise parfois une voix-off pour mettre en évidence les diverses ellipses, toutes bien gérées.
C'est rapide, le temps et les péripéties passent vite, donnant aussi un petit côté mélancolique à l'oeuvre que Walsh ne manque pas de bien exploiter, notamment dans la dernière partie ou la puissance dramatique est à son comble. Malgré cette rapidité, Walsh n'oublie pas de personnages en cours de route, ni quelques secondes rôles et les rend tous intéressants. Sa mise en scène est assez nerveuse et il ne tombe pas dans l'excès, bien au contraire il fait preuve d'une grande maîtrise et orchestre son récit avec brio, sachant bien retranscrire les différents tons et enjeux. En ces temps-là, Humphrey Bogart n'était pas encore la tête d'affiche qu'il deviendra après Le Faucon Maltais et il était (souvent) cantonné aux seconds rôles et bien souvent à des gangsters froids et impitoyable, ce qu'il jouait à merveille, encore ici. C'est James Cagney la star du film et, dans un rôle qu'il connaît par cœur, il est impeccable, sachant retranscrire les enjeux d'un personnage ambitieux et amoureux. Walsh n'oublie pas non plus les rôles féminins qui sont bien développés et interprétés.
Si quelques minutes supplémentaires n'auraient pas été de refus pour permettre à The Roaring Twenties de prendre une ampleur encore plus grande, ça ne l'empêche d'être déjà une belle et grande réussite où Walsh montre tout son talent pour nous conter ces quelques destins s'éparpillant sur deux décennies et en faire ressortir l'émotion, la puissance et la richesse.